Passée l'euphorie de l'Aïd El Fitr, après les folles dépenses qu'auront générées le mois du carême et la rentrée scolaire, une proportion assez considérable de la population s'est retrouvée obérée de dettes. Avec un pouvoir d'achat qui s'effrite d'année en année et, en corollaire, une flambée des prix qui n'a même pas épargné les produits de large consommation, la majorité des ménages s'est retrouvée sur le carreau. De nombreuses familles comptant 6 à 8 membres, et dont le revenu se situe entre 12 000 et 15 000 DA, avouent ne pas manger à leur faim. Il est, en effet, notoirement connu que la plupart des ménages aux ressources faibles et modestes font dans la survivance s'opposant des restrictions alimentaires et vestimentaires draconiennes. Et pour cause, de nombreux foyers, a-t-on constaté, consomment de la viande rouge 4 à 6 fois par mois au plus et fringuent leurs progénitures chez le fripier du coin. L'engouement sur certains aliments de substitution, comme la sardine de piètre qualité, les boyaux, les tripes et tutti quanti, s'est imposé comme un succédané pour vivoter en ces temps d'incertitude et de surenchérissement. Des commerçants dans l'alimentation générale établis dans des quartiers populaires de certaines agglomérations nous ont affirmé que « plusieurs familles se contentent de quelques baguettes de pain, de limonade ordinaire et d'un ou deux sachets de lait par jour ». La dégringolade à vue du pouvoir d'achat est si significative que bon nombre de foyers dans l'incapacité d'honorer leurs factures d'énergie électrique et de consommation d'eau potable se sont vus couper le courant électrique et le liquide vital. D'autre part, beaucoup de ménages ne pouvant subvenir aux énormes et lourdes nécessités de la vie quotidienne achètent à crédit les médicaments chez les pharmaciens et, pour les besoins de consultation, contractent même des dettes auprès des médecins