Ainsi, deux mois après le transfert de Houari Abderrahmane et Hamlili Ahmed, deux Algériens détenus, puis deux autres, après six ans de détention à Guantanamo, c'est au tour d'un autre Algérien, Maâmar Ammeur, âgé de 50 ans, arrêté en 2002 au Pakistan, de retourner en Algérie. Dans un communiqué rendu public on line, le Pentagone a annoncé la décision et celle relative à un autre détenu de nationalité soudanaise. L'élargissement de Maâmar Ammeur porte à cinq le nombre de détenus algériens transférés par le gouvernement américain vers l'Algérie. Quatre d'entre eux ont été placés sous contrôle judiciaire, en attendant leur procès pour « appartenance à une organisation terroriste activant à l'étranger ». Le cinquième est actuellement en garde à vue, en attendant sa présentation devant le juge. D'après nos sources, le transfert de ces anciens pensionnaires de la base militaire US de Guantanamo, considérés comme des « ennemis combattants », n'entre pas dans le cadre des négociations autour des détenus de Guantanamo. « Ils ont été transférés sans aucune condition préalable, et de ce fait, sont passibles de la disposition du code pénal relative aux activités terroristes à l'étranger, même si celles-ci ne sont pas dirigées contre l'Algérie... », nous a-t-on expliqué. Pour nos interlocuteurs, l'Algérie a refusé d'accepter les six conditions exigées par le département d'Etat en contrepartie du transfert des détenus. Ce qui a mis les négociations autour du dossier en stand-by, depuis plus de six mois. Entre-temps, le Pentagone a libéré quatre détenus puis le cinquième. Ce qui porte à 14 le nombre d'Algériens encore à Guantanamo. Il est à signaler que les six Algéro-Bosniaques ont été réclamés par la Bosnie, après que leurs avocats eurent contesté leur transfert vers l'Algérie, alors qu'un septième a été transféré vers ce pays. En juillet dernier, lors d'une vidéo-conférence animée par le directeur principal des détenus, M. J. Alan Liotta et la sous-directrice du Bureau des investigations sur les crimes de guerre Mme Sandra Hotgkinson ont refusé de s'exprimer sur les négociations entre l'Algérie et les USA, relatives à ce sujet, estimant qu'elles relèvent du confidentiel. Les deux responsables ont cependant affirmé que les 26 Algériens, dont 6 ayant la nationalité algéro-bosniaque (les détenus algériens sont au nombre de 14 aujourd'hui) sont considérés comme étant des « combattants ennemis » et de ce fait, ils ne peuvent quitter la base de Guantanamo avant que ce statut ne leur soit enlevé. Du côté algérien, des sources bien informées ont affirmé que les négociations ont buté sur les conditions « contraignantes » imposées par l'Administration américaine en matière de suivi judiciaire des détenus une fois en Algérie. Des conditions, ont expliqué nos interlocuteurs, qui s'opposent totalement au principe de souveraineté des Etats. En fait, les Américains veulent s'assurer qu'une fois ces anciens prisonniers rentrés chez eux, ils ne représenteront plus de menace pour leurs intérêts. Une garantie qu'ils espèrent obtenir en imposant au pays d'accueil un suivi pour ne pas dire une surveillance particulière. De nombreux pays musulmans ont accepté le principe, mais l'Algérie le considère comme étant une atteinte à sa souveraineté. Un rejet catégorique a été signifié, mais après plusieurs contacts entre les deux parties, les Américains ont accepté de renvoyer individuellement ou par petits groupes ceux qui, selon eux, sont « de moindre dangerosité ». Ces derniers, a-t-on ajouté, seront tous déférés à la justice de leur pays, et c'est à elle de trancher quant à leur implication ou non dans des activités terroristes.