Le président Bouteflika va participer en qualité « d'invité spécial » au 12e sommet de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui s'ouvrira demain pour trois jours à Québec, au Canada, souligne un communiqué de la présidence de la République rendu public hier. Il y est précisé que la participation du chef de l'Etat à ce sommet intervient « à l'invitation de Stephan Harper et Jean Charest, respectivement Premiers ministres du Canada et du Québec », précise la même source. Faut-il comprendre ce faisant que Bouteflika ira au Québec juste pour faire plaisir à ses hôtes de la province francophone du Canada et non pas en tant que Président qui appuie une organisation pilotée par la France ? Bien que le président Bouteflika se soit départi du « complexe » algérien de la francophonie depuis qu'il a cassé le tabou en participant au 9e sommet de Beyrouth, le souci d'éviter les interprétations politiques et géopolitiques qu'induit ce rendez-vous transparaît assez clairement dans l'ordre de mission du chef de l'Etat. C'est ce qui expliquerait le soin pris de préciser qu'il répond à une invitation de la Gouverneure générale du Canada, Mme Michelle Jean. Officiellement, il n'est pas question pour Bouteflika de faire plaisir à la France qui, elle, n'a jamais caché sa volonté et son souhait de voir l'Algérie – ce premier pays francophone au monde – rejoindre un jour cette puissante organisation. Il reste que le déplacement du chef de l'Etat vers la lointaine province est à interpréter comme un geste de « bonnes intentions » qui ne manquerait pas de titiller l'ego de Sarkozy en ce qu'il constitue, à tout le moins, une caution morale à cet ensemble culturel et maintenant politique qui prend de l'ampleur. L'Algérie, qui ne fait pas partie officiellement de la Francophonie, reconnue comme institution politique depuis le sommet de Paris en 1986, figure en pole position sur le tableau de chasse de l'organisation. L'UPM oui, l'OIF oui, mais… Abdelaziz Bouteflika a été le premier président algérien à faire les premiers pas vers cette organisation, en plaidant dès sa prise de pouvoir en faveur de l'ouverture sur les langues étrangères, notamment le français. Il se rapprochera un peu plus, en janvier 2001, en se rendant à Yaoundé, au Cameroun, pour prendre part au sommet France-Afrique, une sorte d'antichambre de la Francophonie. Mais quand bien même il le souhaite, Bouteflika hésite à franchir le pas malgré les prières de Jacques Chirac et récemment de Sarkozy, compte tenu des résistances tenaces au niveau des sphères influentes du pouvoir, peuplées de conservateurs qui rattachent invariablement la francophonie au système colonial. C'est donc cette solution médiane qui consiste à participer, désormais régulièrement, au sommet de l'OIF mais avec la casquette d'invité « d'honneur » ou « spécial » – histoire, d'un côté de se soustraire à la vindicte des adversaires irréductibles et de concéder des gestes à la France de l'autre – que semble avoir adoptée Bouteflika. Il faut signaler que le sommet du Québec sera consacré aux questions de la paix, de la sécurité, de la démocratie, de la gouvernance économique et de l'environnement. La crise financière mondiale et ses répercussions devraient également s'inviter à ce sommet, précisent les organisateurs. L'Organisation internationale de la francophonie (OIF) regroupe 55 Etats et gouvernements ainsi que 13 observateurs. L'Egypte, qui fait partie de la sphère anglophone, est partie prenante de la francophonie.