Notre pays devrait passer de statut d'invité à celui de membre permanent du regroupement. La crise ivoirienne sera omniprésente dans les débats, officiels ou bilatéraux, lors du 10e sommet de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui se tiendra demain et samedi à Ouagadougou auquel prendra part le président de la République M.Abdelaziz Bouteflika. Certains observateurs ont laissé entendre que le chef de l'Etat annoncera au cours de son séjour burkinabé l'engagement de l'Algérie à l'OIF. «L'Algérie n'a aucune raison de manquer ce rendez-vous au moment où les Etats n'ont pratiquement aucun poids en dehors de regroupements» auraient avancé certaines sources proches du palais d'El-Mouradia. «Les conditions sont désormais réunies» pour que «l'Algérie joue un rôle clé dans la francophonie», a souligné Jacques Saâda, ministre de l'Agence de développement économique du Canada pour la région du Québec et ministre responsable de la Francophonie, lors de sa dernière visite à Alger où il avait invité M.Bouteflika à «participer pleinement» à ce 10e sommet. Plus d'une cinquante de délégations de pays ayant le français en partage et conduites pour la plupart par des chefs d'Etat ou de gouvernement seront présentes à ce sommet placé sous le thème: «Développement durable et stabilité». «Le développement solidaire de l'espace francophone conduira à sa meilleure intégration dans l'économie mondiale», a déclaré Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF. Il sera, également, question d'éducation, de nouvelles technologies pour en faire des outils au service du progrès et de la démocratie. Cependant ce 10e sommet risque de prendre une connotation politique. «La francophonie devra devenir plus politique, prendre position sur le respect de la démocratie sans pour autant aller jusqu'au décret de sanctions à l'endroit des Etats délinquants» a déclaré, hier, Jacques Saâda, en marge de la préparation de ce sommet. Outre la crise ivoirienne, ce sommet se tiendra, également, sur fond de refroidissement entre Beyrouth et Paris. Le président Emile Louhoud, président en exercice de l'OIF, sera le grand absent en compagnie de Laurent Gbagbo, président de la Côte d'Ivoire. L'absence de ce dernier s'explique par le fait que le régime de Gbagbo accuse régulièrement le Burkina Faso de soutenir la rébellion dans le nord de la Côte d'Ivoire. Par contre celle de Louhoud s'explicite par sa déception dans l'attitude de la France, opposée au renouvellement de son mandat de président pour une période de trois ans. En ce qui concerne le sommet en question, une déclaration est proposée par le Comité permanent de la francophonie ( CPF) à l'examen des dirigeants de l'espace francophone soulignant la nécessité pour la francophonie de se pencher sur les problèmes de paix et de sécurité. Dans sa déclaration, le CPF, qui regroupe les représentants permanents et les ambassadeurs des différents Etats auprès de l'OIF, invite les chefs d'Etat à examiner la mise en oeuvre, à mi-parcours, de la Déclaration de Bamako relative à la démocratie, à la bonne gouvernance et aux respects des droits de l'Hhomme. Le CPF souhaite en outre que la francophonie s'implique davantage pour l'organisation d'élections justes dans les pays en transition démocratique, notamment pour les pays en post-conflit comme Haïti, le Burundi, la RD Congo, le Congo. La crise au Moyen-Orient et en Irak a préoccupé également les rédacteurs de la déclaration, qui exhortent leurs chefs d'Etat à impliquer l'OIF dans la recherche de solutions avant de réitérer leur condamnation du terrorisme. Concernant les questions socio-économiques, les ambassadeurs invitent les chefs d'Etat et de gouvernement à impliquer davantage l'organisation dans la lutte contre le sida et les autres fléaux.