Après une trêve de deux mois, les syndicats autonomes de la Fonction publique décident de réoccuper le terrain de la protestation et de faire pression sur le gouvernement qui, disent-ils, continue à tourner le dos à leurs revendications. Réunie durant le week-end en session extraordinaire, au siège du syndicat des hospitalo-universitaires, la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique a opté pour un débrayage de trois jours à partir du 9 novembre prochain. De son côté, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) s'est réuni également ce week-end et a décidé d'une grève de deux jours, les 27 et 28 octobre. Les porte-parole de ces structures syndicales ont révélé que la base a manifesté une volonté d'aller vers une grève illimitée. « Les fonctionnaires de la santé, de l'éducation et de l'administration veulent des actions musclées, une grève illimitée pour faire aboutir leurs revendications », a expliqué un membre de la coordination, en précisant que c'est la fermeture des portes du dialogue qui pousse au pourrissement. Sur ce point justement, M. Nouar, coordonnateur national du Cnapest, a indiqué que des assemblées générales seront programmées incessamment dans les différentes wilayas du pays pour trancher cette question. « Après cette première action, nous allons soumettre à la base nos propositions relatives à la forme à donner aux prochaines actions. Il s'agit de voter pour une grève illimitée ou pour un débrayage d'une semaine renouvelable ou pour une grève cyclique », a soutenu M. Nouar, qui avoue que les enseignants ne craignent ni les intimidations de la tutelle ni les retenues sur salaires. Evoquant le statut des différents corps, M. Mériane, de la coordination, regrette que les ministères de tutelle n'aient pas pris en compte les propositions des partenaires sociaux. Dans ce sillage, M. Mériane rappelle que le statut particulier des fonctionnaires de la santé est remis aux calendes grecques sans aucune explication de la tutelle et que le statut particulier de l'éducation, promulgué et entériné par le conseil du gouvernement, est loin de répondre aux attentes et espoirs des milliers de fonctionnaires de l'éducation. S'agissant de la grille de salaires promulguée avant les statuts, celle-ci est tout simplement qualifiée de « leurre » par M. Mériane, qui explique que sa mauvaise application sanctionne mensuellement, depuis janvier 2008, les fonctionnaires de 5000 DA à 9000 DA. Cela est dû, dit-il, « aux calculs de certaines primes. Ceux-ci sont fait par rapport aux anciens salaires de base au lieu d'être faits par rapport aux nouveaux salaires de base signés par le président de la République ». Dans la foulée, notre interlocuteur note que le pouvoir d'achat des enseignants est en constante érosion du fait de l'inflation et exige de ce fait l'augmentation du point indiciaire et l'introduction de nouvelles primes pour donner un souffle aux bas salaires. La coordination a mis aussi l'accent sur le dossier ayant trait au régime indemnitaire qui est bloqué du fait de la non-promulgation de tous les statuts de la Fonction publique. « Le pire est que son application se fera sans effet rétroactif », a déploré notre interlocuteur, ajoutant que la marginalisation des syndicats autonomes, l'injustice et l'inégalité sociales imposées par une augmentation astronomique des salaires de certains fonctionnaires et élus, le refus de répondre favorablement aux sollicitations des syndicats autonomes, la chute vertigineuse du pouvoir d'achat les ont poussés à recourir, comme ultime alternative, au débrayage.