Le nouveau livre de l'ancien directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, Journal d'un homme libre, dont la sortie était programmée à l'occasion du prochain Salon international du livre d'Alger, vient d'être bloqué à l'imprimerie par la police, selon un communiqué de l'auteur parvenu hier à notre rédaction. « C'est la deuxième année consécutive que la censure méchante, absurde et irréfléchie frappe mes écrits », souligne-t-il. En effet, l'année dernière, un autre de ses livres Les geôles d'Alger, un émouvant reportage au cœur de la solidarité humaine, celle, inoubliable et efficace, qu'apportèrent ses codétenus à celui qu'ils appelaient « ami Moh », a été retiré de la vente immédiatement après l'ouverture du Salon du livre d'Alger. Ce livre, selon la critique littéraire, nous plonge irrémédiablement dans cette Algérie sombre sur laquelle beaucoup ferment les yeux pour ne pas la voir, celle où l'injustice est mère de tous les maux et où la corruption est le maître mot. Après une spectaculaire perquisition, « la police a saisi tous les documents se rapportant au livre et intimé l'ordre à la directrice de surseoir à son impression ! Tout dans cet inqualifiable procédé est illégal et arbitraire ». Selon Benchicou, qui a passé deux ans en prison (2004-2006) à El Harrach, « le livre journal d'un homme libre ne souffre, en effet, aucune entorse à la réglementation. Il a été dûment enregistré auprès de la Bibliothèque nationale qui, en retour, lui a délivré un numéro de dépôt légal et un numéro d'ISBN. La fabrication du livre a fait l'objet d'un bon de commande réglementaire auprès de l'imprimerie Mauguin ». L'auteur tente de trouver une explication rationnelle et conclut que « seul compte l'impératif de brûler un livre dont on redouterait, à tort ou à raison, qu'il écorne l'unanimité de façade sur laquelle repose la légitimité du pouvoir. Nous sommes plus proches de la république de l'autodafé que d'une république moderne qui ambitionne de tenir salon à la face du monde ». L'auteur, qui assimile ces comportements à de « l'acharnement », se dit prêt à dénoncer « la censure médiévale, cet étranglement du verbe et de la parole qu'entend instituer le pouvoir par la force et la prébende, un fait accompli qui abolirait, dans l'Algérie du XXIe siècle, la liberté d'éditer et de lire et qui consacrerait, à jamais, le livre comme une affaire de clous, de grandes planches et de brigades de police ». A mentionner que M. Benchicou compte animer demain dimanche une conférence de presse à la maison de la presse d'Alger pour s'exprimer sur la question.