L'exposition « Djanbaz » (celui qui a sacrifié son âme en persan) a été inaugurée, hier matin, par Hussein Dahkane, vice-président iranien et président de la Fondation du martyr de la République islamique d”Iran, en visite officielle de trois jours en Algérie, et par le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbes. Au-delà du cérémonial, l'exposition permet de lever le voile sur un travail artistique de ceux qui ont subi les affres de la guerre meurtrière Iran-Irak, de ceux qui avaient pris part à l'avènement de la République islamique à la fin des années 1970 et de la chute de la dynastie des Pahlavi. Nuri Hussein, 54 ans, qui a subi l'horreur de la torture du régime du Shah en perdant l'usage de ses deux mains, est un symbole dans ce pays. Hier, il a fait sensation en dessinant avec un pinceau coincé entre les lèvres, une petite œuvre où domine le bleu-gris. En dépit de son handicap, Nuri Hussein a sillonné le monde, exposant partout comme en Chine ou en France. Son épouse, Nadia Maftooni, 43 ans, poète et docteur en philosophie, est également artiste peintre. Ses œuvres sont un éclat de couleurs et l'attachement aux beautés simples de la nature. Assis dans un coin, Ahmad Ali Zand sculpte, avec des bruits à peine audibles, sur le cuivre, sa matière préférée. Ce diplômé, de la faculté des arts de Shiraz, est une école dans son pays. Son audience a atteint le Soudan et la Chine où il a exposé. Reporter de guerre, Ameri Davoud, membre de l'Association des photographes d'Iran, a suivi pendant de longues années le conflit qui a opposé son pays à l'Irak. Son travail lui a valu plusieurs médailles et distinctions en Lituanie, en Inde, en Belgique et ailleurs. Le grand quotidien japonais Asahi Shimboun l'a honoré en 2006. D'autres photographes sont également présents à l'exposition d'Alger comme Davoud Djalilnejad, plusieurs fois distingué en Iran et Radjabali Ghahramani. Côté algérien, le sculpteur Mohamed Demagh, 78 ans, est pratiquement le seul à être présent dans cette exposition que les organisateurs ont voulu collective. « Je n'ai pas présenté des œuvres, mais des photographies de ce que j'ai fait. A ce jour, j'attends toujours qu'on me restitue une cinquantaine de sculptures et de peintures remises pour une participation à la manifestation de L'année de l'Algérie en France, en 2003. Je vais poursuivre les responsables de ce détournement en justice », nous a-t-il confié. Montrant une photo, datant de 1962, où on le voit souriant aux côtés de Rabah Bitat, Abdelhafid Boussouf, Mustapha Cheloufi et Ahmed Ben Bella, Demagh rappelle qu'il a participé, au milieu des années 1980 à la construction du musée du Moudjahid en compagnie de son ami, l'artiste peintre Issiakhem qui n'est plus de ce monde. Hussein Dahkane a souligné la similitude entre la guerre de Libération algérienne et la Révolution islamique. « Les combattants algériens ont été pour nous des modèles à suivre pour mener la révolution », a-t-il déclaré. A l'agence de presse Irna, il a précisé que les travaux du Dr Ali Shariati sur le combat de l'ALN contre le colonialisme français ont beaucoup fait connaître cette cause en Iran. Il a cité les noms de l'émir Abdelkader, Malek Benabi et Djamila Boupacha comme des « personnalités marquantes » dans la lutte de libération en Algérie. S'adressant à Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), à Tahar Zbiri et à d'autres anciens combattants, Hussein Dahkane a lancé : « Je voudrais être votre élève et apprendre de vos victoires. » Le vice-président a visité hier, en fin de journée, le Centre des études historiques d'El Biar et devra se déplacer à Constantine.