Les enfants scolarisés entament la deuxième semaine des vacances d'hiver. Cet interlude qui intervient entre deux trimestres n'est pas utilisé de la même manière par les vacanciers de la capitale des Hauts-Plateaux. Des enfants qui n'ont pas coupé le cordon ombilical avec les études révisent le matin, consolident leurs connaissances dans les matières essentielles, notamment l'après-midi, et ce, par le biais des cours particuliers. Pour cette catégorie d'élèves fréquentant des classes d'examen ou non, le repos pourtant mérité n'est donc pas à l'ordre du jour. Amel R., une élève du lycée Malika Gaïd qu'on a accostée à la sortie de Harrat El Hofra (devenue depuis des années un établissement scolaire bis) qui concurrence la structure précitée située en face, veut mettre à profit ses vacances pour combler des lacunes et bien préparer la suite de l'année scolaire qui ne s'annonce, dit-elle, guère facile. « Pour obtenir de bons résultats, on doit travailler sans compter... », conclut cette élève qui ne se sépare pas de ses cahiers et livres. Nazim, Loubna, Sarra et Zaki ne sont pas sur la même longueur d'onde que la bûcheuse qui ne croit qu'au travail. La deuxième catégorie estime que les vacances sont des moments de répit. « Je profite de cette pause pour décompresser. Je coupe le pont avec les études pendant quinze jours. Cette période est l'occasion idoine pour recharger mes batteries. Cette méthode me permet d'aborder le deuxième trimestre avec un autre état d'esprit. Les résultats sont même probants », révèle Nazim qui est approuvé par les autres membres du groupe : « Le Cybercafé, la musique, la lecture, les sorties et la grasse matinée font partie du menu quotidien des quinze jours de repos qui seront ponctués d'une virée à Alger ou à Tunis. Je pense qu'un élève ayant un emploi du temps scolaire chargé a droit à un repos total », conclut Loubna. Nasro et Karim, des collégiens qui n'ont pas les moyens de poursuivre des cours particuliers ou de se payer un voyage d'agrément, veulent et d'une autre manière, « tirer profit » de ce temps mort. Ces enfants qui n'ont pas 15 ans se mettent au travail. Durant quinze jours, l'un est chercheur de bouteilles en plastique matière première encore et toujours très demandée par des transformateurs de plastique. L'autre est gardien d'un « parking », qui n'est autre que la chaussée du marché des 1014 Logements. L'automobiliste qui s'arrête pour faire ses commissions au souk est rassuré par ce sympathique garçon : « Soyez tranquille, votre véhicule est entre de bonnes mains », clame ce « contractuel gardien » qui est le plus souvent récompensé par 10 ou 20 DA. Ces deux jeunes gens ayant une tête pleine nous étonnent. « La rue est pour les bons élèves une bonne école. Ici, on découvre les maux sociaux qui sont les causes de la déperdition d'une grande partie de jeunes désœuvrés. En fréquentant de près les vendeurs à la sauvette, les drogués au diluant et les voleurs à la tire, on se rend à l'évidence plus que jamais que notre salût passe par les études. Une fois la journée bouclée et après une petite virée au cyber, on se met à table pour réviser les cours », conclut Karim ayant la même vision que Nasro...