De nombreux gérants de cybers à Oran déplorent une baisse vertigineuse de leur chiffre d'affaires. Beaucoup disent avoir du mal à faire face aux charges depuis ce qu'un exploitant situé au centre-ville appelle « la démocratisation » de l'Internet. L'index est braqué sur la baisse du tarif de l'abonnement qui a été réduit de pas moins de 50 pour cent. La politique consistant à mettre la technologie à la portée d'un plus grand nombre de citoyens n'a pas été, on s'en doute, pour plaire aux propriétaires de cybercafés qui perdent une partie de leur clientèle. Mais ce n'est, semble-t-il, guère le cas des cybers des quartiers populaires. De nombreuses familles au revenu limité ne peuvent pas se permettre non seulement de supporter les dépenses liées à l'abonnement, mais encore moins à pouvoir acquérir le micro-ordinateur dont le prix reste encore élevé pour les bourses modestes. Néanmoins, les recettes ne sont plus ce qu'elles étaient, selon un gérant de cybercafé, qui affirme qu'elles ont été réduites presque au tiers et même plus pendant certains jours. En effet, déplore-t-il, à la raréfaction de la clientèle, s'ajoute la mauvaise qualité du débit reçu et l'interruption intempestive de la connexion au réseau. Une situation qui se serait aggravée, selon notre interlocuteur, par le nombre important des abonnés. Certains croient savoir que les services concernés procèdent à des sortes de délestage contre la saturation du réseau, une manière de tenter de contenter un maximum d'internautes. La faiblesse des débits est devenue très gênante pour les gérants des cybers, qui assistent impuissants au départ massif de leurs clients, las d'attendre une connexion qui ne vient pas. Les frais de gestion, comme le loyer, l'abonnement, l'électricité, etc. restent, eux, pratiquement inchangés et doivent être réglés à terme échu. Les cybers, qui enregistraient des recettes quotidiennes atteignant parfois les 4 000 DA, ne sont plus qu'entre 1 000 à 1 500, note-t-on. Craignant la disparition totale de l'activité avec la gratuité de l'abonnement au réseau Internet promise l'été dernier par le ministre des Télécommunications, certains exploitants de cybers songent depuis quelque temps à une éventuelle reconversion. D'autres ont déjà franchi le pas et ont commencé par vendre leurs équipements. Mais tout n'est pas aussi gris qu'on pourrait le croire, il reste encore de nombreux cyberespaces qui s'en sortent assez bien, nous rassure-t-on.