A défaut de vente de matériel informatique, certains propriétaires de cybercafés se contentent de revendre des sujets tirés du Net. L'Internet, cette prodigieuse découverte qui a et continue de révolutionner le monde n'attire plus grand monde aujourd'hui et les espaces publics qui lui sont réservés se métamorphosent de jour en jour en des lieux de distraction mais où la connexion est souvent absente. Quand ce n'est pas le cas, et à défaut de chômer, les propriétaires des cybers font eux-mêmes de petites «recherches» sur le Net sur des sujets précis qu'ils revendent après sous forme de fascicules ou polycopies pour un prix allant de 25 à 35 dinars le feuillet. Estimant sans doute que leur commerce devient moins lucratif, après la vente du matériel et accessoires informatiques, les cybercafés découvrent, maintenant, une nouvelle source de revenus en vendant à tous vents des fascicules et des brochures contenant des travaux de recherche ou des exposés que les professeurs et enseignants auraient exigés de leurs étudiants. A la demande du client, les pseudo-chercheurs consultent différents sites pour répondre favorablement à la demande, moyennant un pécule. Parfois, ils sont totalement à côté du sujet que l'enseignant aurait proposé à ses élèves mais le gain facile pousse les «cybermans» à vendre n'importe quoi particulièrement à des élèves du primaire ou à des collégiens innocents et ne connaissant presque rien sur le travail qu'ils sont appelés, faire et censés remettre dans les délais. Mais dans toute cette histoire de travaux et d'exposés «prêts-à-porter» que les élèves et étudiants remettent à leurs enseignants, ces derniers sont bien évidemment les premiers à plaindre. En effet, par manque de temps ou par souci d'avancer dans le programme, souvent l'enseignant ferme l'oeil et accepte des devoirs ou des travaux «alibis», sachant pertinemment que le travail remis par l'étudiant n'est en fait qu'un faire valoir sans plus et loin de refléter le niveau ou les connaissances acquises. D'autres cybers et commerces de l'informatique vont encore plus loin en transformant leurs établissements en de véritables salles de jeux. L'Internet devenu un créneau non porteur et peu commercial, les détenteurs de ces espaces ne s'intéressent plus à la communication ni à la connexion et préfèrent mettre à la disposition des jeunes et moins jeunes toutes sortes de jeux allant du billard aux parties de football en passant par les jeux de stratégie et de combat. En effet, une petite virée dans quelques cybers réservés initialement à l'Internet, a permis de vérifier de visu que la connexion n'y est pas. Les rares clients assis derrière leurs postes sont des enfants ou des jeunes ayant moins de vingt ans. Ils sont complètement absorbés par leur univers ludique en s'adonnant avec fougue à des jeux servis sur commande par le gérant des lieux. Face à leurs postes, ces jeunes ne s'inquiètent pas outre mesure de ce qui les entoure et la majorité ne savent même plus si leurs postes sont connectés ou pas. Leur centre d'intérêt se limite à gagner la partie et à exceller dans le jeu afin de remporter autant de victoires. Interrogés sur la question, certains propriétaires de cybers justifient ce penchant pour les jeux ludiques et distractifs par le fait que la connexion à l'Internet n'attire plus grand monde dans ces espaces publics surtout depuis l'avènement de l'Adsl «Les gens sont de plus en plus connectés à partir de chez eux et n'ont plus besoin d'aller vers les cybers. De notre côté, on essaie de faire de notre mieux pour ne pas mettre la clef sous le paillasson» argumentent les gérants de cybers.