À l'aube du 21e siècle, il est encore des cas qui laissent perplexes et pantois dans une école qui passe de réforme en réforme, non sans ingurgiter au passage, des sommes colossales prélevées sur le dos du contribuable. Triste est le moins que l'on puisse dire du sort de nos bambins réduits à la médiocrité d'un système éducatif aux abois. Feu Boudiaf n'avait-il pas raison de parler d'école sinistrée ? En voilà un exemple qui démontre combien les réformes à la charge idéologique passent souvent à côté de l'essentiel. En effet, il n'est pas rare de se retrouver devant des collégiens qui ne savent ni lire ni écrire comme s'ils n'avaient jamais fréquenté l'école. C'est le cas entre autres de cette fille qui ne sait même pas écrire son nom ni en arabe ni en français, inscrite en première année moyenne au CEM Zidadi Moussa du chef-lieu de la commune d'Ouled Rached, à 35 km au sud-est de la wilaya de Bouira. Un cas qu'on dit plutôt particulier mais qui n'a jamais été enregistré dans les annales même des écoles les plus sinistrées au monde. La question qui vient à l'esprit est celle-ci : cette fille serait-elle le produit de l'indifférence et du laisser-aller, ou elle est le résultat d'un échec déjà consommé d'un système qui ne produit que des cadavres ? Pour paraphraser le communiqué des étudiants musulmans du 19 mai 1956, les diplômes que nos écoles délivrent en font de nouveaux cadavres dont la nation n'à que faire. Dans ce cas précis où l'économie nationale peine à trouver des bras producteurs et des têtes pensantes, qui va assumer l'échec ? Les parents qui ne se sont pas rendus compte que leur fille faisait juste le va-et-vient entre la maison et l'école-pour la forme- ou ses enseignants qui ont fait d'elle une victime ? Ainsi, la fille qui a consommé ses seize ans sur les bancs de l'école, sortira l'année prochaine exclue, certainement parce qu'elle n'est plus protégée par la loi, puisque elle a plus de seize ans et n'aura assurément pas la moyenne qui lui permettra de poursuivre ses études, à l'image des centaines d'autres potaches « mis à la porte » en fin de l'année scolaire écoulée. Quel triste sort que celui réservé à cette élève qui ne sait rien de ce que lui réserve la vie ! Jusque-là, elle n'était prise en charge par personne. Elle a vécu toutes ces années à la marge et elle y survivra encore des années. Devant cet état de fait, les enseignants dudit CEM restent impuissants, car l'irréparable est déjà fait… cependant, faut-il noter que ce n'est là qu'un cas parmi tant d'autres… un arbre qui cache la forêt !