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Une Rentrée Ratée
CHEZ LES SINISTRES DE BOUMERDÈS
Publié dans Liberté le 09 - 10 - 2003

Le cartable est le bienvenu. Cependant, il est loin de constituer la priorité pour les enfants sinistrés.
Beaucoup n'ont pas encore dépassé leur traumatisme.
“Je ne veux pas retourner à l'école, j'ai trop peur de la voir s'effondrer sur ma tête”, nous lance une fillette rencontrée au camp des sinistres au stade de Boumerdès.
Du haut de ses huit ans, Rachida, frêle et chétive, séduit par son sourire charmeur et ses récits de vacances passées dans une colonie non loin de là. C'est à croire que c'est tout ce qu'elle a envie de garder comme souvenirs de ce qu'elle a vécu depuis le séisme du 21 mai. Du tremblement de terre, elle n'en parle même pas. Elle en est encore traumatisée. Son sourire s'efface dès que l'on évoque la rentrée scolaire. “Elle ne veut même pas en parler. Nous avons tout fait, tout dit, son père et moi, pour lui faire entendre raison, mais en vain. Elle est convaincue qu'il y aura un autre tremblement de terre qui va démolir son école”, se plaint sa mère.
Rachida se met alors à pleurer tout en serrant dans ses mains un cahier aux pages froissées et tachées de boue, témoin, lui aussi, d'horribles moments. Rachida ne déteste pas l'école. Elle n'arrive cependant pas à se débarrasser de ses cauchemars. Sa tante a été enterrée vivante sous les décombres de leur immeuble. Cela s'est passé sous ses yeux. Rachida n'a jamais raconté ce drame. Elle le vit seule. Le cas de Rachida est semblable à celui de la majorité des enfants de Boumerdès.
Confrontés à cette dure réalité et en l'absence d'une prise en charge psychologique efficiente, la situation ne risque pas de s'améliorer.
“Une prise en charge psychologique ? Que racontez-vous là ? Si au moins quelqu'un venait voir ce qu'on est devenu. Les images qu'on montre à la télévision ne sont que du trompe-l'œil et ça continue”, dénonce un sinistré le cœur gros.
“Comment peut-on prétendre à une rentrée scolaire sans régler le problème des sinistrés ?”, s'interroge un père de famille désemparé de voir ses enfants, habitués un certain confort, réduits à une vie presque indécente. “Par ces moments de pluie et de froid, je ne peux les laver correctement. Les sanitaires sont bouchés et tous les responsables font la sourde oreille à nos doléances. Nous prenons nos douches dans des bassines à l'intérieur des tentes et les enfants dorment mal grelottant toute la nuit. Et lorsqu'il pleut, c'est l'inondation dans la tente et tout le linge et les couvertures sont mouillées. Dans des conditions pareils, il paraît presque insensé de parler d'école”, continue-t-il abordant, au passage, le problème de l'éloignement de l'école par rapport à leur lieu d'habitation actuel.
La rentrée, annoncée en grande pompe, n'a pratiquement pas dépassé ce stade. Priorité pour les classes terminales et les 9e AF et même ceux-là n'échappent pas à des problèmes de transport, nous dit-on. Les classes primaires ont également repris les bancs de l'école entassés les uns sur les autres dans des salles trop exiguës pour les contenir tous. Pas assez d'école, c'est le moins que l'on puisse dire même si l'accès aux établissements nous est catégoriquement refusé. Les témoignages aussi bien des élèves que de leurs parents concordent et ne laissent aucun doute sur la cacophonie qui règne. Une réalité que même certains professeurs parmi les plus téméraires ont bel et bien confirmée. “Que voulez-vous, une rentrée difficile, voire même ratée, vaut mieux que pas de rentrée du tout”, nous disent-ils, fatalistes. Les parents, eux, ne l'entendent pas de cette oreille et ne comptent pas rester les bras croisés.
Devant l'école primaire Abdallah-Barbar de Réghaïa, les enfants étaient tous joyeux de retrouver le chemin de l'école. Ils étaient surtout contents de recevoir des cartables tout neufs, remplis d'affaires scolaires. Cahiers et protège-cahiers, ardoises, buvards et trousses aux couleurs vives remplies de stylos, de crayons et de gommes. Que demandent de plus ces petits bambins inconscients des conséquences d'une rentrée scolaire ratée pour de multiples raisons ? L'explication, nous sommes allés la chercher auprès de la directrice de l'éducation de la wilaya de Boumerdès. Apparemment dépassée par des réunions avec les inspecteurs et des membres de l'Exécutif, la responsable n'a pas une minute à nous consacrer.
Pour les citoyens et les élèves, les choses sont claires. La rentrée scolaire dans les zones sinistrées est complètement ratée et ne peut en aucun cas avoir un sens tant que les promesses avancées par les décideurs ne sont pas tenues.
N. S.
“Un *Toit d'Abord !”
À coups de matraque, des familles sinistrées ont été évacuées par les forces de l'ordre des maisons qu'elles ont indûment occupées. Ces familles, surprises par les premières pluies d'automne, avaient décidé de squatter des appartements voisins non occupés. “Les responsables locaux nous dénient le droit d'avoir un toit pour nous abriter sans pour autant nous trouver une solution de rechange”, lance un père de famille, visiblement outré par l'attitude des responsables locaux qu'“on ne voit jamais sur le terrain”
Promesse sur promesse, les autorités n'arrivent pas à respecter le calendrier qu'elles ont elles-mêmes tracé pour le relogement des sinistrés.
En attendant, des centaines de familles s'arment de patience. L'hiver est déjà aux portes. Mais, jusqu'à quand ?
N. S.
Le Transfert… en Attendant la Délivrance
“J'ai mis du temps pour pouvoir prendre la décision de me séparer de mon fils. Je viens de le transférer vers un établissement dans une autre wilaya. Ce n'est guère facile, mais l'avenir de mon fils en dépend. Il restera chez sa tante le temps qu'il faudra, que j'espère très court”, nous dit une jeune maman qui vient de prendre la décision de transférer son fils vers une autre école loin de Boumerdès. Et d'ajouter : “Je ne suis pas la seule à y avoir pensé. Le surveillant général m'a appris que je suis la énième personne à l'avoir sollicité pour un exeat. Le document en question était déjà préparé, il ne suffisait que d'y apposer le nom du concerné et la destination du transfert sans poser de questions ou même essayer de me dissuader.”
Ils sont nombreux ces parents qui ont choisi de transférer leurs enfants dans d'autres wilayas. La scolarité de leur progéniture est une priorité.
“Toute les étapes sont importantes dans le cursus d'un élève. Pourquoi se focaliser sur ceux qui doivent passer les examens ? Il faut régler le problème dans sa globalité.”
Ce même raisonnement règne dans les camps des sinistrés qui ont du mal à contenir leur colère.
“Personne n'est venu s'enquérir de notre situation avant la rentrée des classes. Et le jour j, ils se sont arrangés pour faire passer des images trompe-l'œil. Personne n'est content. Arrêtons de se voiler la face”, s'écrie un père de famille, désemparé de ne pouvoir envoyer ses enfants à l'école.
“Je n'ai pas les moyens”, lance-t-il à qui veut bien l'entendre. Comme son cas, ils sont plusieurs à souffrir de voir leur progéniture sacrifiées sur l'autel de l'indifférence.
N. S.


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