Aujourd'hui, on est loin de la révolution industrielle. La condition ouvrière, l'attitude des pouvoirs et l'évolution des mentalités et des idéologies d'hier ne sont plus de mise. Mais si les conditions de travail ont considérablement changé depuis, l'exercice syndical a par contre très peu évolué. Plus d'un siècle après la naissance du syndicalisme moderne, les défenseurs des travailleurs arborent toujours le même look et le même langage. À présent, il est décalé de s'afficher en costume gris austère. Tout comme l'on doit abandonner le langage coincé entre un marteau et une enclume, rouges. Cependant, force est de reconnaître leur inébranlable esprit d'engagement sans limite. Toutefois, la forme gagnerait à changer. On est en 2010, c'est l'ère de la communication. Légale, oui ! Mais interdite, quand même ! Mais, est-ce que les choses ont évolué depuis ? Non ! Le terrain et la réalité du monde du travail nous laissent pantois. Des grèves on en fait tous les jours. Les exemples sont légion. La santé, l'école, l'industrie… que reste-t-il ? Et bien entendu, la déception n'est pas dans le camp des partenaires sociaux, mais du côté de la direction et, pire encore, de la part de l'administration et des services de sécurité, censés calmer les esprits. Lors de conflits sociaux ou de grèves, pourtant légales vis-à-vis de la loi, l'on a souvent assisté à de tristes scènes de matraquage envers des travailleuses et travailleurs, coupables d'aspirer à de meilleures conditions socioprofessionnelles. Des aspirations généralement légitimes, faute de connaître un aboutissement normal dû à une simple gestion des carrières. Par conséquent, ces attentes insatisfaites se traduisent en revendications syndicales, avec comme théâtre, la rue. Et là, la réponse privilégiée… c'est la répression. Et dire que Dieu a doté l'homme d'une intelligence et de la parole. Deux caractéristiques essentielles à la communication. Quel gâchis ! Communication de crise Ces sombres scènes sont vécues quotidiennement, aussi bien chez nous que partout dans le monde, dit moderne. Finalement, que l'on soit en 1880, ou en 2010, les rapports entre employés et employeurs n'ont guère évolué. On continue à se tourner le dos. À la différence qu'aujourd'hui, entre les deux protagonistes, il y a la matraque. Et quel dialogue pourrait être instauré sous la menace du bâton ? Pourtant les uns et les autres, au lieu de se faire la guerre, devraient se mettre à jour, en matière de gestion de crise. La communication de crise est un concept judicieux, moderne qui permet d'anticiper, de gérer et de régler les conflits sociaux. Quoi de plus efficace pour se prémunir d'un conflit social que d'offrir aux salariés l'opportunité de faire carrière, surtout lorsque le potentiel est présent ! Encore faudrait-il insuffler davantage de perspectives d'avenir aux salariés les plus méritants. Il convient aussi de ne pas négliger les conditions et l'environnement de travail. Aménagement des locaux, prévision de salles de détente confortables. Faire du lieu de travail un endroit symbolisant une source de bien-être. Qui aimerait quitter son petit havre de paix et source d'épanouissement ? Employé – employeur, dialogue de sourds Nous ne sommes plus dans un système de type “taylorisme” (1), où le manager commande et le salarié exécute. Actuellement, on évolue dans un système où des responsabilités doivent être laissées aux collaborateurs. C'est le cas notamment avec l'instauration de groupes de travail pour trouver des solutions lorsque des retards sont constatés chez certains salariés. Globalement, plus on donne de responsabilités et de possibilités d'implication aux collaborateurs, plus les décisions prises sont légitimées à leurs yeux. Une bonne anticipation des conflits, c'est également faire preuve de souplesse sur un sujet important tel que l'aménagement des plannings. Il s'agit de jongler en permanence en fonction des contraintes des salariés, tout en tenant compte des impératifs de production. Autre point essentiel, la communication et le dialogue social largement revendiqués par les salariés. Communication interne La communication de crise, notion scientifique devant être incontestablement assimilée par l'administration centrale, locale et même au sein de l'entreprise, passe, notamment pour cette dernière, par la communication interne. La communication interne regroupe l'ensemble des actions de communication mis en œuvre au sein d'une entreprise à destination de ses salariés. Comprendre la communication interne, c'est appréhender tous les services qu'elle peut rendre particulièrement en tant qu'outil de motivation des salariés, quelle que soit la taille de l'entreprise. C'est un outil managérial indispensable. Elle permet donc de motiver les collaborateurs et de rassembler tous les acteurs de l'entreprise autour d'un même projet. Ainsi, une stratégie de communication interne permet de rapprocher dirigeants et salariés pour une meilleure écoute bilatérale à même de répondre aux attentes des collaborateurs en matière d'information et de se prémunir contre toute éventuelle mésentente, voire malaise. En attendant, on continue à assister à des grèves dont le droit virtuel est inaliénable, mais illégales dans la pratique. (1) Le taylorisme est un système d'organisation du travail mis au point par l'ingénieur américain Frederic Winslow Taylor (1856-1915). Pour Taylor, une double division du travail est nécessaire : tout d'abord une séparation entre la conception et l'exécution (la direction se charge de tous les éléments de la connaissance et les ouvriers se contentent d'appliquer ses consignes). R. L. [email protected]