Tout récemment, au lieudit « Chteibo », situé dans la localité d'Aïn El Turck, une échauffourée a failli dégénérer en bagarre générale. Les deux camps étaient constitués des transporteurs publics illégaux, d'un côté, et des transporteurs des matériaux de construction agrémentés, de l'autre. Pour tel transporteur, les « illégaux » ne sont ni plus ni moins « qu'une bande de vautours qui nous privent de notre pain quotidien. (…) Ils garent leurs camions tout près des nôtres et s'arrogent le droit de casser les prix. » Réponse du berger à la bergère : « Ce n'est pas vrai. Si la plupart des gens préfèrent acheter nos services, c'est parce que nous pratiquons des prix abordables. » Avis divergents et contradictoires, il n'en reste pas moins que les particuliers et les commerçants sont unanimes à penser que les prix proposés par les transporteurs illégaux sont plus accessibles. Appliquant la politique de l'offre accessible, les transporteurs clandestins arrivent à faire plusieurs rotations par jour sous le regard envieux des autres transporteurs. Sur ce plan, le foisonnement des indus transporteurs enregistre une nette recrudescence à Ain El Turck. Astuces Malgré les incessants rappels à l'ordre des autorités locales, les transporteurs illégaux « outrepassent tout entendement ». Ils utilisent toutes sortes d'astuces pour échapper aux contrôles routiers. « Cet état de fait laisse le commerçant des matériaux de construction à l'abri de tout reproche en matière de facturation d'où d'abus des surcoûts », affirment des transporteurs courroucés. Et ce n'est pas sans un certain désarroi que les transporteurs agrémentés et assujettis à l'impôt fiscal vivent cette situation pour eux synonyme de concurrence déloyale. Un autre fait notable concerne des transporteurs en possession de camions neufs sans autorisation et autres citoyens disposant chacun de deux à trois camions et exerçant de façon illégale. Pour ajouter à cette situation peu reluisante, les propriétaires des tracteurs se sont eux aussi mis de la partie. Conçus spécialement pour les travaux agricoles, les propriétaires des tracteurs ont abandonné les exploitations foncières pour se ruer vers le transport public, provoquant ainsi des dysfonctionnements dans le trafic routier. Devant cette cascade de déboires, la joie n'est pas de mise parmi les transporteurs dûment établis. Paniqués, ils assistent impuissants à la « guerre des espaces » que leur disputent quotidiennement les transporteurs illégaux qui revendiquent, eux aussi, une petite place au soleil.