« En 1969, le premier festival panafricain donnait de l'Afrique l'image d'un continent qui lutte et qui se libère. En 2009, ce sera celui de la renaissance culturelle africaine », a-t-il relevé dans une déclaration en marge des travaux de la conférence, estimant qu'il faut « rompre avec l'image de l'Afrique de la faim et de la guerre ». Interrogé sur le financement de la manifestation, il a précisé qu'il s'agit d'un projet de l'UA. Dans la foulée, il a indiqué que le Maroc, pays non membre de l'UA, ne sera pas invité à ce festival. Khalida Toumi, ministre de la Culture, a, pour sa part, rappelé « le Manifeste d'Alger » sur la culture adopté en 1969 « qui est une référence à l'action africaine commune ». Elle a proposé qu'une coordination soit établie entre l'Algérie et le Sénégal, puisque durant la même année 2009, Dakar va abriter, en décembre, le Festival mondial des arts nègres qui aura pour thème « La renaissance africaine ». La dernière édition de ce festival a eu lieu à Lagos, au Nigeria, en 1977. D'après Mme Toumi, la conception du futur grand musée africain d'Alger est sujet à débat. « L'Algérie a une vision du musée qui est différente de celle des autres pays. Nous voulons rompre avec les visions colonialistes. L'Afrique n'est pas l'objet de musée mort, son art n'est pas primitif. On doit montrer la civilisation du continent, mettre en valeur son histoire et ce qu'il fait aujourd'hui. Partout, il y a des créateurs contemporains africains. Pour trancher, il est préférable de faire participer des organisations internationales », a-t-elle précisé. Dans le document adopté par les experts, il est recommandé de faire appel à l'Unesco et au Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (Iccrom) et le Conseil international des musées (Icom) pour concevoir le musée d'une manière consensuelle. « Nous voulons un musée pour l'Afrique, pas un musée africain », a préconisé le président Bouteflika, dans un message lu par son représentant personnel, Abdelaziz Belkhadem. Les experts ont proposé que le musée soit un espace large d'expression de la culture africaine qui s'appuie sur les nouvelles technologies de la communication. Un concours international d'architecture sera lancé pour le projet du musée ; aucune date n'a encore été retenue. L'Algérie compte appuyer le renforcement du Fonds de l'héritage culturel universel d'Afrique, alimenté uniquement par des pays « ayant les moyens de payer », comme l'a souligné Khalida Toumi, à l'image de l'Algérie, de l'Egypte, du Maroc et du Nigeria. Mis sous l'égide de l'Unesco, ce fonds, qui s'élève à 5,3 millions de dollars, doit financer des opérations de sauvegarde du patrimoine naturel et culturel du continent. Des projets sont déjà retenus pour, entre autres, le Soudan, l'Angola et le Kenya. Pour ce qui est de l'institut culturel panafricain (Paci), l'Algérie a remis aux experts de l'UA une étude de faisabilité de ce projet. « A Nairobi, on nous a demandé de le faire. Par sa géographie, l'Algérie est une fenêtre. Si son siège est à Alger, ce sera une bonne chose. Il sera un complément pour le musée », a souhaité la ministre de la Culture. La conférence d'Alger devra examiner le « plan de Nairobi » sur les industries culturelles africaines, qui semble tourner en rond. Dans son message, le président Bouteflika a plaidé pour la création « de véritables marchés pour les produits culturels africains ». L'UA et l'Union européenne discutent, depuis le sommet de Lisbonne de 2007, sur les produits et l'héritage culturels. Ce genre de produits fait souvent l'objet de vols ou de détournements qui profitent aux collectionneurs privés. Les mécanismes africains ne protègent pas encore suffisamment ce patrimoine. Invité à prendre la parole, le cinéaste Mohamed Lakhdar Hamina, Palme d'or du Festival de Cannes en 1975, a lancé un appel pour la création d'un fonds africain de soutien à la production cinématographique. L'Afrique doit, selon lui, mener la bataille des images pour casser les stéréotypes et « le caractère primitif » attribué souvent injustement à sa culture. « En Afrique, chaque vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle. Il faut sauvegarder la mémoire du continent », a-t-il soutenu en rendant hommage aux regrettés cinéastes sénégalais et égyptien Sembène Ousmane et Youssef Chahine.