La diplomatie égyptienne a réussi le meilleur « coup » de la deuxième conférence des ministres africains de la Culture clôturée jeudi 23 octobre à l'hôtel Hilton, à Alger. Elle a obtenu un soutien ferme à la candidature de Farouk Hosni au poste de directeur général de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Ministre de la Culture de l'Egypte depuis 21 ans, Farouk Hosni était présent à Alger où il a été rassuré par un appui de l'Algérie à sa candidature à ce poste pour des élections devant avoir lieu en octobre 2009. Le Caire avait négocié auparavant avec Rabat pour que le Maroc retire son candidat au même poste. S'il est élu, Farouk Hosni sera le premier Arabe à prendre la direction de l'organisation onusienne. Le premier Africain à l'avoir dirigée était le Sénégalais Amadou Mahtar M'Bow en 1974. L'Egypte, le Liban et l'Arabie Saoudite sont les seuls pays arabes à être parmi les 21 Etats fondateurs de l'Unesco en 1945. Détesté des milieux islamistes pour ses critiques sur le port du hidjab, Farouk Hosni, 70 ans, est réputé proche de la famille Moubarek, d'où sa longue présence au sein du gouvernement. A la fin de la conférence d'Alger, Khalida Toumi, ministre de la culture, s'est félicitée de l'appui apporté à son homologue égyptien et a déclaré que « la renaissance culturelle de l'Afrique » peut être proclamée. « Renaissance » qui sera la principale thématique de la troisième édition du Festival mondial des arts nègres (Fesman) prévu à Dakar, au Sénégal, en décembre 2009. Ce festival, créé en 1966 par Léopold Sédar Senghor, président du Sénégal et poète de la « négritude » (notion inventée par Aimé Césaire), a connu des fortunes diverses. Deux éditions ont été organisées depuis cette date dont une au Nigeria. Le chanteur pop américain Stevie Wonder, 58 ans, sera l'invité d'honneur du 3e Fesman. Le soutien africain à cette manifestation sous-tend un appui financier. Il en sera de même pour le deuxième festival panafricain prévu à Alger en juillet 2009, même s'il se dit que l'Algérie prend en charge en grande partie les coûts de cette fête. Appui aussi exprimé pour l'élaboration du projet, en phase de conception, du grand musée d'Afrique dont la construction est prévue à Alger. Par contre, l'institut culturel panafricain (Paci) ne verra pas le jour de sitôt. La commission de l'UA doit réétudier l'étude de faisabilité préparée par l'Algérie pour ce projet. La copie « revue et corrigée » de cette étude devrait être présentée au prochain sommet des chefs d'Etat africains. Le plan de Nairobi sur les industries culturelles africaines est, lui, réactivé. Il est question de faire connaître au grand public ce plan qui vise, à terme, à développer un marché pour l'art, le cinéma, la littérature et la musique en Afrique. C'est à ce niveau que le Paci devrait avoir un grand rôle puisque, selon les experts, il aura à élaborer un programme de référence en matière de collaboration entre créateurs africains, chercher les financements pour les grandes manifestations artistiques et encourager les partenariats entre artistes africains. Aucune institution ne fait ce travail à l'heure actuelle au niveau continental. Les producteurs de cinéma attendent que l'UA respecte l'engagement pris à Maputo en 2003 de mettre sur pied le « comité du film africain ». Les experts présents à Alger on rappelé que le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) a retenu la nécessité « d'encourager la production cinématographique », promesse non respectée. Ils ont proposé que les télévisions africaines s'impliquent davantage dans la production de films. Le représentant de l'Académie africaine des langues (Acalan) a profité de la conférence d'Alger pour souligner certaines incohérences dans l'organisation de cette institution, toujours gérée par un conseil d'administration provisoire depuis sa création en 2001 et son installation à Bamako. A noter enfin que la prochaine conférence des ministres africains de la Culture aura lieu à Abuja, au Nigeria, en 2010.