La facture alimentaire de l'Algérie est en passe d'atteindre un montant record cette année. Selon les données du centre national de l'information et des statistiques (CNIS), les importations des produits alimentaires ont dépassé les 5,75 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l'année en cours, alors que les exportations sont estimées à 98 millions de dollars. Il va sans dire que la balance commerciale pour cette catégorie de produits est largement en défaveur de l'Algérie qui dépend presque entièrement du marché international et de ses cours volatils. Cette situation aurait été moins intenable si l'Algérie arrivait à exporter ce que ses terres auraient produit afin d'équilibrer sa balance commerciale agricole. Cependant, seule une quantité marginale de dattes, de vin et de quelques produits maraîchers a pu se faire une petite place sur les marchés étrangers. Les besoins de notre pays en lait, café, sucre, céréales qui constituent des produits de large consommation sont essentiellement couverts par les importations. Les pays voisins qui n'ont pourtant pas les ressources naturelles de l'Algérie arrivent à produire et à exporter des produits agricoles et agroalimentaires. La balance commerciale alimentaire de la Tunisie était excédentaire en 2007. La même tendance a été enregistrée durant les sept premiers mois de l'année 2008, où l'on a constaté une croissance de 21,4% des exportations des produits alimentaires par rapport à la même période de l'année 2007. La Tunisie a donc réussi à diversifier ses exportations. L'Algérie qui dispose pourtant de moyens financiers beaucoup plus importants n'arrive toujours pas à relever un tel défi s'enlisant davantage dans la dépendance alimentaire. Si jusqu'à présent une certaine opulence financière à la faveur de recettes pétrolières exceptionnelles voilait le danger, la dégringolade du prix du pétrole qui représente la principale source de revenus du pays a mis en évidence la fragilité du maintien du pouvoir d'achat de l'Algérie. Le taux de couverture des importations par les exportations risque de connaître un déséquilibre les prochaines années si les cours de l'or noir continuent à chuter. Les effets pervers de cette dépendance alimentaire, jusque-là amortis par les cours élevés du pétrole, commencent à apparaître au fur et à mesure que le monde s'enlise dans une crise aux multiples facettes. La diversification de l'économie qui devrait se traduire entre autres par le développement de l'agriculture devient une urgence. Il y va de l'avenir alimentaire de toute une nation.