Les habitants du village Aït Abdelmoumène, dans la commune de Tizi N'Tlata, n'arrivent guère à voir le bout du tunnel. Situé à une trentaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, ce village a une histoire lointaine de fait, qu'il se cherche. Aujourd'hui, après moult bouleversements administratifs il a été relégué au rang d'une simple bourgade alors que, jadis, il regroupait trois communes. Historiquement, Aït Abdelmoumène faisait partie, avant 1940, selon un quadragénaire de la région, du douar d'Aït Aïssi, rattaché, à cette époque, à la commune mère de Fort national. En 1947, après les élections générales organisées par le colonialisme français, le territoire d'Aït Abdelmoumène a été découpé en trois communes, à savoir Tadarth Oufella, Tassoukit, Ighil N'Aït Chilla. Toutefois, en 1956 à l'appel du FLN pour abandonner les postes de l'administration, les trois assemblées communales ont été dissoutes. C'est ce qu'a poussé, sans doute, le colonialisme français à rattacher Aït Abdelmoumène à la commune des Ouadhias. Depuis 1984, elle dépend de la municipalité de Tizi N'Tlata, juste après la création de celle-ci. Notons que ce village de la Grande Kabylie renferme en son sein pas moins de 9000 h, soit plus de la moitié de la population de la commune. Depuis, sa situation n'a pas connu d'évolution. Mais, malheureusement, ce village reste, à ce jour, parmi les plus défavorisés de la wilaya de Tizi Ouzou. Pourtant, les atouts ne manquent pas pour se mettre en route vers... le développement. Des potentialités de tous genres sont laissées à l'abandon. En empruntant le chemin qui mène vers cette contrée, on a l'impression que l'on se perd au milieu des collines désertes. Quelques petits terrains défrichés, par-ci, par-là, sont exploitéspar des particuliers pour l'agriculture. La réalité est souvent amère. Des villageois souffrent toujours le martyre. En dépit des politiques de développement et des programmes annoncés, tambour battant, par les pouvoirs publics, des milliers de citoyens n'arrivent pas à rompre avec un quotidien plein d'aléas. Tout est, semble-t-il, remis aux calendes grecques. Le chômage, la malvie et les soucis au quotidien sont le lot de ces pauvres gens, sans compter l'avenir qui s'annonce sombre avec le tarissement de l'émigration. Une émigration qui assurait jusque-là, un tant soit peu une certaine activité dans les hameaux de cette contrée de la Kabylie profonde. Et pour cause, la localité est dépourvue de plusieurs infrastructures de base en mesure d'alléger, un tant soit peu, les souffrances des habitants. Hormis trois écoles primaires, deux collèges, une annexe de mairie, un centre de santé sans moyens et une agence postale datant de l'ère coloniale, les citoyens de ce bourg sont privés de nombreuses infrastructures étatiques. En somme, l'absence d'un lycée crée véritablement moult aléas aux élèves du cycle secondaire qui sont contraints de débourser, chaque jour, 50 DA pour rejoindre leurs classes, que ce soit à Maâtkas ou bien à Tizi N'Tlata. Par ailleurs, la localité dispose d'un foyer de jeunes mais celui-ci fonctionne seulement avec des bénévoles, et ce, faute de statuts. Des sportifs à la notoriété bien établie sont issus de cette région. Un club de football qui évolue dans la division de wilaya renferme en son sein une centaine de joueurs mais qui travaillent, hélas, dans des conditions intenables en raison surtout de l'inexistence de stade communal. Cela incite les « locaux » à recevoir en dehors de leurs bases. Enfin, dans le chapitre activités culturelles, l'association Tarbouche Mourad, qui a vu le jour en 1999, a fait émerger plusieurs jeunes talents dans le domaine du théâtre, notamment, comme elle assurait des formations de couture et d'informatique au profit des jeunes du village. Cependant, cette association a mis la clé sous le paillasson faute de subvention.