Skikda continue d'accuser de graves lacunes en matière de logement social. Les retards, cumulés d'année en année, ont fini par bloquer la situation, la rendant cauchemardesque. Aujourd'hui, il faudra à Skikda dix années au moins, chiffres à l'appui, pour achever les logements que l'Etat a bien voulu lui octroyer depuis 1997. A ce sujet, il serait déjà utile d'apprendre que l'office de promotion et de gestion immobilière de Skikda (OPGI) n'a pas encore clôturé un programme de 941 logements, entamé en…1998. Il lui reste encore à achever plus de 40 unités, alors que 40 autres sont à l'arrêt. Un autre programme, remontant à l'année 1999, est lui aussi toujours en gestation puisqu'on s'attelle, à ce jour, à achever 137 unités et à chercher à solutionner le cas de 234 logements encore à l'arrêt. Plus récemment, et pour le programme quinquennal 2005-2009, Skikda avait réussi tout de même à assurer un quota de 2 000 logements, mais elle ne parviendra cependant à en achever que 190 unités, comme rapporté dans un document officiel. Pour le programme complémentaire de résorption de l'habitat précaire (RHP) 2006-2007, on a retenu 3 000 unités, et d'après le même document, on n'est même pas parvenu à réaliser ne serait-ce qu'un seul logement ! Un taux de réalisation de 28 % ! C'est dire qu'à Skikda, l'OPGI ne construit plus et se contente seulement d'inscrire des programmes qu'on reporte d'année en année au moment où les dossiers de demandes de logement ne font que s'empiler. On tente d'y remédier en redynamisant d'autres formules de logement, ce qui est bien en soi, mais la politique du logement est un ensemble indissociable et non compensatif, en ce sens que la situation sociale des couches défavorisées ne permet pas une souscription à un programme du participatif, encore moins dans celui relatif à la promotion immobilière. Chaque couche sociale a son type de logement, et chacun devrait trouver son appartement. Seulement, à Skikda, ce sont les demandeurs, issus des couches démunies, qui se trouvent pénalisés puisque le logement social n'y existe pratiquement plus ! Un exemple ? On peut en citer deux, trois… voire des dizaines pour mettre à nu une situation qu'on a tenté vainement de maquiller et de taire. Pour commencer, on évoquera le présent. A ce sujet, il est bon d'apprendre que pour l'année en cours, l'OPGI s'était tracé comme objectif la réception de pas moins de 1 685 logements, même si, dans ses « confusions » et sur son site officiel, l'OPGI parle plutôt de 1 765 logements seulement. N'empêche, on prendra en considération les 1 685 logements comme chiffre officiel. Nous sommes déjà au dernier trimestre de 2008, et l'OPGI ne pourra livrer, et dans le meilleur des cas, que…449 unités, qui ne seront même pas achevés à 100%. Ce qui nous donne un déficit de 1 236 logements et un taux de réalisation de moins de 29 %. Où sont passés les logements de Bir Farina ? Pour la seule commune de Skikda, le chef-lieu de la wilaya devait disposer de 431 nouveaux logements implantés à El Match, Zeramna, Merj Eddib, Boulkeroua… Tout compte fait, on ne réceptionnera que…82 unités. Les demandeurs locaux devraient encore prendre leur mal en patience. Le langage des chiffres étant le fort de l'OPGI, il s'avère aujourd'hui que la situation n'était pas aussi « rassurante » qu'on le laissait comprendre. Finalement, et deux années durant, l'OPGI n'a fait qu'accentuer une crise qui poursuivra Skikda comme une fatalité pour de longues années encore. Les statistiques qu'on offrait au petit peuple, et même à ses élus, n'ont jamais fait l'objet d'une quelconque étude. On lisait celles-ci, les approuvait, pour finir par les transmettre, par presse interposée, au moment même où l'OPGI, et comme pour détourner les regards, s'attelait à repeindre, fadement, les façades des cités. Pendant ce temps, et en pleine crise, quelque 3 000 logements ne sont toujours pas lancés. Plus grave encore, plus de 960 sont à l'arrêt, et plus de 200 d'entre eux ont été carrément abandonnés, dont 20 à Bin El Ouidène, 30 à Ramdane Djamel, 50 à Bouchtata, 60 à Ben Azzouz et plus d'une centaine à Skikda (boulevard Houari Boumediène). Parmi tous les chiffres et autres taux, il arrive souvent qu'on en communique ceux qui ne reflètent nullement la réalité. C'est le cas des 200 logements déclarés réceptionnés à Bir Farina dans la commune de Azzaba, mais qui en réalité ne le sont pas totalement. On note, à ce sujet, que dans le meilleur des cas, on ne pourra en réceptionner qu'une cinquantaine seulement, et qu'il faudra encore attendre pour parachever le reste puisque le taux de réalisation n'est actuellement qu'à 75%. Dans le même cas, on peut aussi citer d'autres exemples de logements déclarés réceptionnés mais qui ne le sont pas encore, à l'instar des 44 de Hammadi Krouma, 20 à Mzej Dchich, 30 à Sidi Mezghiche et 28 à Ramdane Djamel. Bref, en tout, il y a plus de 500 logements déclarés réceptionnés ces deux dernières années mais qui accusent encore quelques manques à combler. La loi des chiffres et des statistiques reste une arme à double tranchant. On peut l'utiliser pour teinter en rose toutes les grisailles, mais elle risque d'opacifier un ciel qui ne demande pourtant qu'à s'éclaircir. Osons espérer que le récent changement à la tête de l'OPGI de Skikda pourra apporter un souffle nouveau pour permettre une réelle relance d'un secteur qui dispose pourtant de beaucoup d'atouts. L'espoir reste permis.