Presque quatre mois après le lancement officiel du Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation), le 10 juillet dernier, des producteurs de la pomme de terre, adhérents à ce système, réclament toujours leur dû. Bouira. De notre bureau C'est du moins ce qui ressort de la rencontre organisée dans la matinée d'hier au niveau de la chambre d'agriculture de Bouira, à l'initiative de l'association des maraîchers de cette wilaya. En effet, mettant en cause le Syrpalac qu'ils considèrent inopérant, ces agriculteurs n'ont pas manqué de parler, purement et simplement, d'arnaque, avant de demander à ce que le ministère de tutelle leur verse l'argent dû suite à l'entreposage de leur production au niveau des différentes chambres froides réparties sur plusieurs wilayas du pays. Ainsi et revendiquant davantage de cohérence dans la gestion du secteur, et plus particulièrement l'optimisation des différents programmes d'aide et de soutien au développement de l'agriculture, les maraîchers interpellent le ministre de l'agriculture pour accélérer la mise en œuvre de ces dispositifs, mais aussi et surtout pour régler la lourde facture générée par l'effondrement des prix de la patate à la fin de la dernière saison. Désespérés, les différents intervenants comptent coordonner leurs efforts afin d'arriver à récupérer leur bien. Certains d'entre eux ont tiré la sonnette d'alarme quant aux diverses pertes qu'ils ont eues à supporter (pertes par rapport au prix référentiel, frais de transport, etc.). Cela avant de soulever la question des risques encourus pour l'arrière-saison actuelle. Entre autres questions soulevées, le lancement de la 3e étape de stockage de la pomme de terre, prévue à la fin du mois en cours, alors que la production précédente n'a pas été encore payée. Ce qui vient s'ajouter au déficit financier qu'accusent les patatiers qui croulent sous les dettes contractées lors du lancement de l'arrière-saison et l'apparition de la maladie du mildiou, menaçant de décimer l'ensemble des champs cultivés. La non-utilisation des engrais et produits phytosanitaires serait due, selon ces derniers, au manque de ressources financières. Ainsi, et selon des sources proches du ministère de l'agriculture, pas moins de 21 800 t de pommes de terre avaient été stockées depuis le lancement dudit système (Syrpalac). 33 wilayas, dont Bouira, sont concernées par ce système de régulation. La production au niveau de Bouira est estimée, selon la DSA, à quelque 150 000 q, répartis sur 14 wilayas du pays, parmi elles Mostaganem, Médéa, Djelfa, M'sila, Boumerdès et Tizi Ouzou, où les producteurs se plaignent d'un mauvais traitement de la part des propriétaires des chambres froides. Du fait que certains ont invité les agriculteurs à récupérer leurs tubercules, les maraîchers concluent que le Syrpalac n'est que de « la littérature ». Le président de l'association des maraîchers, Rabah Choudani, dira : « Nous sommes à la croisée des chemins. Avec des dettes importantes engendrées par les nouveaux investissements consentis aux termes de l'arrière-saison, achat d'intrants en particulier, voilà que le retard dans le paiement des grandes quantités stockées dans le cadre du Syrpalac nous met devant le risque de nous retrouver devant les tribunaux pour n'avoir pas pu honorer nos factures d'achat d'intrants. » Pour notre interlocuteur, l'Etat doit prendre ses responsabilités et assumer ses engagements, faute de quoi la filière tout entière risque d'en pâtir. Sur la même lancée, M. Ouidir, producteur de pommes de terre ayant à son actif quelque 6000 q de patate stockées, affirmera : « on nous a toujours prêté des problèmes que nous n'avons jamais soulevés. Ce que nous demandons c'est d'être payés, c'est tout. » « S'ils (les responsables du ministère) veulent vraiment faire quelque chose pour sauver cette culture, il n'ont qu'à nous payer et par là nous permettre de poursuivre le travail de nos terres », soutient-il.