La crise financière internationale est une aubaine pour les banques islamiques qui y trouvent l'occasion de justifier le bien-fondé de leurs thèses basées sur la charia qui proscrit l'intérêt sur le crédit « el riba » assimilé à la pratique « illicite » de l'usure mais autorise un bailleur de fonds et son partenaire à partager, selon les clauses de contrats mutuellement négociés, les bénéfices générés par leurs investissements. Les banques islamiques ne pratiquent pas de spéculation financière, notamment en Bourse, pour la simple raison que la titrisation des capitaux, jugée illicite au regard de la charia, est exclue de ses pratiques. La crise financière internationale étant, au regard d'une très large frange de l'opinion publique, exclusivement due à une spéculation incontrôlée sur les intérêts susceptibles d'être offerts par les titres cotés en bourse, l'attrait pour les banques islamiques qui ne participent pas à ce type de spéculation peut paraître séduisant. D'où le subit engouement pour ces banques que rapportent de nombreux journaux à travers le monde, y compris dans des pays non musulmans (USA, Grande-Bretagne, France, etc.) que rien ne prédisposait à ce genre de pratiques bancaires. Il faut toutefois reconnaître qu'à l'heure où leurs systèmes financiers sont englués dans d'inextricables problèmes d'insuffisance de liquidités, ces pays ne peuvent pas s'offrir le luxe de faire la fine bouche face aux banques islamiques qui regorgent de capitaux oisifs. Dopées par les pétrodollars en provenance des monarchies du Golfe et les dépôts de nombreux adeptes de la charia, les capitaux détenus par ces banques dépasseraient mille milliards de dollars, selon le directeur de l'Ecole de management de Strasbourg. De quoi susciter la convoitise des banques occidentales aujourd'hui contraintes de solliciter le concours financier de l'Etat pour reconstituer leurs trésoreries. Les banques islamiques, pour certaines ouvertement soupçonnées de financer le terrorisme international, sont subitement devenues fréquentables et il n'est pratiquement pas un seul pays, parmi les plus riches de la planète, qui ne compose ouvertement ou s'apprête sérieusement à le faire avec ces institutions qu'ils avaient pourtant longtemps décriées. En France par exemple, un enseignement de finance islamique respectueux de la charia sera dispensé dès janvier prochain, pour la première fois dans l'Hexagone, par l'Ecole de management de Strasbourg. L'enseignement, couronné par un diplôme universitaire, propose 405 heures de cours en formation continue. Homologué bac+5, il est ouvert aux titulaires d'un mastère, d'un bac+4 et aux personnes possédant une expérience professionnelle significative. Les candidats seront tout particulièrement formés au régime juridique des contrats de droit musulman, au droit bancaire et à la législation canonique des produits financiers islamiques, tels que le salam, l'ijara, le sukuk, la mucharaka et la murabaha, par exemple. Les diplômés de cette école sont, à l'évidence, destinés à l'encadrement du système financier islamique en gestation en France et dans certains pays d'Europe. La Grande-Bretagne est sans doute le pays européen le plus avancé en la matière. Le diplôme de management en finance islamique y existe déjà et les instituts privés sont nombreux à dispenser des formations de même nature. L'exploitation médiatique de la crise des subprimes en vue de promouvoir le système financier islamique bat son plein avec, à la clé, de nombreux clients gagnés à la cause si on se réfère aux nombreux articles de presse qui lui sont consacrés. L'argument selon lequel la finance islamique interdit la spéculation sur les créances, en grande partie responsable de la crise des subprimes, a été particulièrement payant. On sait, à titre d'exemple, que la finance islamique a déjà commencé à faire son apparition en France à travers certains fonds islamiques du Golfe (Gulf Finance House, Qatar Islamic Bank ou Barwa Real Estate) qui financent d'importants projets immobiliers estimés à plus de 3 milliards d'euros. Le mot d'ordre des pays occidentaux, USA et Grande-Bretagne en tête, est de tout faire pour capter les liquidités détenues par les banques islamiques. Une rivalité est du reste déjà engagée pour être, incitations juridiques et fiscales à l'appui, le pays le plus attractif pour cette masse de capitaux qui pourrait quelque peu pallier la pénurie de liquidités dont souffrent, aujourd'hui, certaines de leurs banques.