Le succès des banques islamiques parle de lui-même. Au moment où les banques conventionnelles du monde entier subissent de plein fouet les affres de la crise financière mondiale, la finance islamique quant à elle reste intacte et épargnée. D'ailleurs plusieurs banques de renommée mondiale à l'image de la banque allemande Deutsch Bank , ou le géant américain de la finance Citibank, et le groupe britannique HSBC n'ont pas hésité une seconde de se lancer dans ce nouveau système inspiré par les préceptes de la religion islamique. Le docteur Lachemi Siagh directeur du cabinet de conseil et de Stratégica Finance, à tenu à expliquer les bonnes raisons de ce succès, lors d'une conférence de presse organisée, mercredi soir, sous le thème " L'impact de la crise financière sur l'islamic Banking " organisée par la chambre algéro-allemande de Commerce et d'industrie (AHK) à l'hôtel Sofitel d'Alger. M. Siagh a rappelé d'abord les raisons principales du déclin des banques conventionnelles dans le monde touchées par la crise des subprimes des crédits hypothécaires, et la chute du prix du pétrole. Contrairement aux banques islamiques, en dépit du ralentissement de leurs activités celles-ci ont bien étés épargnées, selon le docteur, cela est dû essentiellement au paradigme des banques islamiques (étique, gouvernance, prise de risque) totalement différent de celui des banques conventionnelles. Ce nouveau modèle de la finance islamique est toutefois récent, il existe d'ailleurs 300 institutions dans le monde. Ainsi, " l'ensemble de ces banques gèrent des actifs de 700 à 800 milliards de dollars, alors qu'une seule banque européenne comme la Deutsch Bank gère quelque 3 trillions de dollars " a signalé M. Siagh avant d'ajouter entre autre: " Mais n'empêche que le marché des sokouks a quant à lui augmenté et s'est développé pour atteindre en 4 ans une valeur de 100 milliards de dollars,…. Le Japon compte d'ailleurs lancé aussi une opération de 700 millions de sokouks prochainement ". En effet, " les banques islamiques sont devenues une réalité que personne ne peut ignorer plus longtemps " a tenu a affirmé le conférencier. Il faut savoir que les opérations islamiques ne doivent en aucun cas, de façon directe ou indirecte, comporter une rémunération fixée au préalable et assimilable à l'intérêt ou " Riba " le Coran interdit formellement les revenus provenant de l'usure ou Riba, donc contrairement aux banques conventionnelles. Signalons que l'éthique musulmane ne s'est jamais affranchie de cet interdit. L'intérêt est moteur de l'activité bancaire classique, fondement de l'intermédiation bancaire. D'où différence fondamentale de paradigme. Par ailleurs, la doctrine économique islamique rejette toute forme de spéculation au gharar ou la spéculation est la 2éme ligne rouge à ne pas franchir. Le ratio d'endettement ne doit en jamais être supérieur à 33%. Ainsi, les pratiques des taux dits subprime sont exclut. Ajoutant à cela, les activités prohibées par le Coran , à savoir, alcool, industrie porcine, jeux de hasard, services financiers conventionnels banque et assurance, produits spéculatifs, produits dérivés, industrie de l'armement, pornographie. Ce qui fait la différence et la particularité de ce nouveau système bâti sur un fondement religieux, est son mécanisme de régulation, ces derniers sont soumises à un système de double gouvernance celle du conseil d'administration, et celle du conseil de la Chari'a. L'un défend les intérêts des actionnaires et l'autres l'éthique religieuse, la conformité des transactions et comportement des dirigeants et la wasatia ( le juste milieu). La banque islamique qui réussit, respecte la Charia et normes fiduciaires et prend à cœur les intérêts de ses clients. Enfin, " la finance islamique est une culture éthique qui confère de nombreux avantages économiques et personne ne peut nier cette réalité " a souligné l'orateur. De nombreux pays occidentaux commencent d'orés et déjà à adopté cette finance, il y a un an, l'université de Strasbourg avait ouvert la première formation de ce type en France, en Irland, et d'autres pays également. Les ténors de la finance occidentale, HSBC, le Crédit Suisse, ABN-AMRO et Deutsche Bank, ont créé dans les années 90 des branches de "finance islamique" pour drainer les avoirs des expatriés pieux et fortunés de Londres, Paris, Amsterdam ou Madrid, ainsi que la haute bourgeoisie des Emirats et du Maghreb. Samira Hamadi