Contrairement aux banques classiques, les banques islamiques n'ont pas été affectées pas la crise financière. Le temps a donné raison aux banques islamiques! Celles-ci deviennent de plus en plus un modèle de référence pour les banques classiques. Des grosses pointures de la finance mondiale comme Hsbc, Deutsch Bank et Citibank commencent à créer des filiales conformément aux principes de la chariaâ. Des formations spécialisées dans la finance islamique ont été lancées dans des grandes écoles américaines et britanniques. C'est ce qu'a relevé l'expert en finance et président de la revue Stratégica Finance, le Dr Lachemi Siagh, lors d'une conférence organisée par la fondation allemande Friedrich Naumann et la Chambre algéro- allemande du commerce et d'industrie portant sur le thème «Crise financière et finance islamique». Pourquoi cet intérêt? L'expert explique la simple raison que les banques islamiques n'ont pas été affectées par le typhon de la crise financière internationale qui a détruit des géants de la finance. Contrairement aux banques classiques, ces établissements financiers islamiques ont enregistré juste un ralentissement de l'activité économique. Dans sa communication, M.Siagh a bien décortiqué les éléments qui ont permis de protéger la finance islamique de la faillite. Partant sur une comparaison des deux modèles, l'expert indique que le paradigme des banques islamiques (éthique, gouvernance, prise de risque) est différent de celui des banques conventionnelles. Ces institutions spéculent sur l'accroissement futur des actifs immobiliers, ce qui n'est pas le cas dans la finance islamique où la conception de tout produit exclut l'intérêt. «Les opérations bancaires islamiques ne doivent en aucun cas, de façon directe ou indirecte, comporter une rémunération fixée au préalable et assimilable à l'intérêt ou "Riba", a-t-il souligné se référant au Coran qui interdit formellement les revenus provenant de l'usure ou Riba. Autre élément, le banquier conventionnel cherche l'emprunteur le plus solvable et non nécessairement les projets les plus productifs ou les plus profitables. En Islam l'usure, l'intérêt, est un pêché capital, un interdit formel aussi proscrit que le meurtre. La doctrine économique islamique rejette toute forme de spéculation ou Gharar. En d'autres termes, M.Siagh précise que le "Gharar" ou spéculation, est la 2e ligne rouge à ne pas franchir». La spéculation est prohibée parce qu'elle perturbe l'équilibre du contrat et va à l'encontre des normes morales et religieuses qui exigent équité et équivalence des prestations. L'objet d'un contrat doit être réel et doit être disponible et définir les critères relatifs au prix, à la quantité, et au délai de livraison. Dans ce modèle, les domaines d'activité sont filtrés. En application de la chariaâ, les banques refusent de financer des investissements dans des activités prohibées comme l'alcool, l'industrie porcine, les jeux de hasard (casinos et sociétés de jeux de hasard), services financiers conventionnels, banque et assurance, produits spéculatifs, produits dérivés, industrie de l'armement... M.Siagh a rappelé que la montée d'un système bancaire sans intérêt était considérée par les banquiers conventionnels comme une perversité qui ne doit pas exister et qui ne doit pas persister, parce qu'elle est en contradiction avec le principe de maximisation du profit de la finance. «Nous savons aujourd'hui où la maximisation du profit à tout prix peut mener», a-t-il affirmé faisant allusion à la crise financière. «Les banques islamiques sont devenues une réalité que personne ne peut ignorer plus longtemps», a-t-il souligner avant de conclure.