Face à la dégringolade des prix du pétrole, le gouvernement semble revoir sa copie quant aux répercussions de la crise financière sur l'Algérie et commence à se départir de son optimisme béat. Hier, lors de son allocution sur la loi de finances 2009 devant les locataires de la Chambre haute, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a indiqué qu'une commission d'évaluation et de suivi chargée de suivre de près les répercussions de la crise sur l'économie nationale a été installée, à cet effet, au niveau de son département. Le premier argentier du pays a réaffirmé devant les sénateurs que l'Algérie a pu éviter la crise grâce, notamment, à la politique de désendettement suivie par les pouvoirs publics, la non-convertibilité du dinar, le manque d'intégration de l'économie nationale dans l'économie mondiale et le refus de création de fonds souverains. Citant les retombées « positives » de la crise sur l'économie algérienne, M. Djoudi a estimé que le raffermissement du dollar par rapport à l'euro est bénéfique, puisqu'il induit une augmentation des recettes des exportations en hydrocarbures et augmente en même temps notre pouvoir d'achat en ce qui concerne nos importations facturées en monnaie européenne. Pour lui, la tendance baissière des prix des produits de base sur les marchés internationaux, induite par la crise, va également jouer en notre faveur puisqu'elle permet d'atténuer la facture des importations et, du coup, de gagner sur la facture budgétaire marquée par la subvention de certains produits de base comme les céréales et le lait en poudre. Des gains qui permettront, selon M. Djoudi, de continuer à mieux doter les transferts sociaux, évalués à 1170 milliards de dinars, soit 22,5% du total du budget 2009. Mais si pour le ministre des Finances, l'Algérie aura à amortir le choc de la récession dans les pays développés par ce « rééquilibrage » entre la diminution des recettes pétrolières et la baisse de la facture des importations, il n'en demeure pas moins que pour lui, « la vigilance » devrait être de mise. « Une loi de finances à 37 dollars le prix de référence du baril du pétrole nous permet de nous préserver à court et moyen termes », a-t-il souligné, tout en ajoutant qu'avec un baril à moins de 67 dollars, l'Algérie sera contrainte de puiser dans le Fonds de régulation des recettes afin de rééquilibrer son budget. Un fonds évalué au 25 septembre 2008 à 4728 milliards de dinars, selon M. Djoudi, et un prix du pétrole autour des 60 dollars cette semaine.