La note de conjoncture du premier semestre 2008 du Cnes est globalement favorable à l'action du gouvernement. Le Cnes qui a présenté hier à la résidence Djenane El Mithaq (Alger) deux rapports sur la situation économique et sociale du pays se montre cependant plus nuancé concernant les équilibres extérieurs du pays. Bien que faisant siennes les assurances des autorités qui soutiennent que l'Algérie est à l'abri des retombées de la crise financière internationale, le CNES plaide toutefois pour la mise en place « d'une politique d'anticipations rationnelles traitant de choix de devises, de placement et de possibilité d'élargissement de la gamme d'instruments financiers susceptibles d'absorber les chocs des marchés financiers ». L'économie nationale, qui, souligne-t-on, « n'affiche pas de signe de turbulences en réaction à l'actuelle crise financière internationale », devrait anticiper des sorties de crise en cas de mauvaises transitions sur ses propres marchés, notamment bancaires et des assurances, fait valoir le Cnes. Les conclusions de cette institution laissent entendre que l'Algérie n'est pas assez outillée pour amortir l'impact du séisme financier et économique qui commence à toucher l'économie réelle de nombreux pays qui s'enlisent dans la récession. Aussi, ses experts recommandent vivement la mise en place d'un dispositif de veille qui devrait s'accompagner d'un train de mesures préventives. Plus explicite, le rapport note que dans un contexte de fortes incertitudes économiques internationales, l'équilibre à terme de la balance des paiements serait compromis en absence de mesures d'ajustement de la variable « importation ». Il y va de l'équilibre commercial extérieur actuel de l'Algérie, avertit le Cnes. D'autant plus que l'économie nationale reste mono-exportatrice dépendant entièrement des recettes pétrolières. D'ailleurs, pour le Cnes, « la question qui est posée de façon lancinante est : combien de temps va durer cette crise (financière internationale, ndlr) et jusqu'où affectera-elle les cours du brut ? ». Une question à laquelle a bien voulu répondre le ministre des Finances, Karim Djoudi. L'Algérie, a-t-il dit, devra à long terme revoir sa copie en matière de stratégie économique si les répercussions de la crise économique internationale, notamment sur le marché pétrolier, se poursuivent à terme. « Si les cours du pétrole connaissent une baisse continue de façon significative et si l'économie mondiale entre en récession, on sera obligés de reconfigurer notre action économique sur le moyen terme », a indiqué le premier argentier du pays. Le ministre estime toutefois que les choix des autorités ont permis de prémunir le pays des conséquences de cette crise, citant, entre autres, la réduction de l'endettement, les réticences de l'Etat algérien à créer un fonds souverain ou de convertibilité des opérations en capital, mais aussi le financement du développement de l'économie nationale en dinar algérien et non pas avec des financements extérieurs. M. Djoudi a également rappelé que le gouvernement a « toujours travaillé depuis 2000 sur un prix de baril à 19 dollars » alors que le différentiel a été versé au fonds de régulation des recettes. « Je vous rappelle que le fonds de régulation a pour objectif de réduire à la fois notre endettement (ce qui a été fait) et de nous protéger des évolutions des marchés internationaux en matière de taux de change, de taux d'intérêt, de crédits et surtout il permet d'assurer au budget de l'Etat une visibilité en matière de financement. Aujourd'hui, nous avons sur nos ressources 40% de notre produit brut au fonds de régulation, ce qui nous permet sur le moyen terme, avec un prix de baril à 37 dollars sur lequel la loi de finances a été établie, d'avoir une visibilité en matière de financement à moyen terme, c'est-à-dire de 2008 jusqu'à 2011 », a assuré le représentant du gouvernement.