Si la situation actuelle persiste, les projets prévus pour le prochain quinquennat, pourraient tomber à l'eau. Les cours du pétrole poursuivent leur dégringolade. Vendredi, les prix de l'or noir ont chuté à New York, terminant sous les 80 dollars le baril et à 75 dollars à Londres. Par rapport à ses records historiques du 11 juillet, à plus de 147 dollars, le pétrole a abandonné près de la moitié de sa valeur. Cette situation n'est pas sans susciter l'inquiétude des pays, comme l'Algérie, dont l'économie dépend à plus de 97% de cette ressource naturelle. L'Algérie, indique-t-on, est classée treizième (13e) producteur et neuvième (9e) exportateur de pétrole au monde. En dépit des assurances formulées par les pouvoirs publics, éloignant toute éventualité de crise suite à la baisse des prix du pétrole, il n'en demeure pas moins que le péril est bien présent. Le danger plane d'autant plus que l'Algérie s'est lancée dans des mégaprojets qui, de surcroît, sont réputés pour être budgétivores. D'aucuns estiment que des projets prévus pour le prochain quinquennat, 2009-2014, pourraient tomber à l'eau, si les prix de l'or noir chutent sous la barre des 55 dollars. Il faut dire que le pays prévoit, dans les cinq années à venir, plusieurs projets nécessitant des budgets colossaux. Nous citerons, dans ce sens, les projets du transfert d'eau d'In Salah vers Tamanrasset, de l'autoroute des Haut-Plateaux qui s'étend sur 1330 km et qui nécessitera une enveloppe de 800 milliards de dinars. Il faut citer, en outre, la création de 400.000 emplois annuellement, pour un montant de 42 milliards de dinars par an, les projets entamés dans le secteur de l'immobilier et du tourisme, dont les coûts dépassent les 30 milliards de dollars. Ce sont, en effet, autant de projets qui risquent de s'arrêter, sans compter les fameux IDE (Investissements directs étrangers) qui, malgré la manne financière dont dispose l'Algérie, ne se sont pas bousculés au portillon. Que dire alors lorsque les caisses de l'Etat commenceront à se vider? Que dire aussi du pouvoir d'achat des Algériens qui, à l'heure actuelle, est dans le trente-sixième dessous. Avec la plausible chute libre des prix du pétrole, tous les scénarios peuvent être alors imaginés. Néanmoins, de telles probabilités sont écartées du revers de la main par les autorités algériennes qui se veulent rassurantes. Selon les prévisions fixées par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, il est indiqué que «si le baril de pétrole baisse à 60 dollars, les conséquences se feront ressentir en Algérie dans 5 ans ou 6 ans, si la crise est très dure et le prix du baril chute à 10 dollars, notre pays sera, malgré cela, à l'abri pour 2 à 3 ans». Son ministre des Finances, Karim Djoudi, ne manque pas de confirmer: «Conjuguée à la poursuite des réformes engagées et à la gestion financière prudente observée jusque-là, l'économie algérienne est dans une position qui la met, à court terme, à l'abri de ces turbulences», a expliqué M.Djoudi, hier, lors d'un entretien avec des responsables de la BM (Banque mondiale) sur les perspectives de l'économie mondiale. Au-delà de ces mesures de prudence, qui peut fixer la barre des prix du pétrole, avec l'affolement que connaît actuellement la majorité des places boursières mondiales, dû principalement à la crise financière qui secoue les grandes puissances industrielles? La situation financière mondiale est actuellement telle, que même les pays arabes sont menacés, puisque les répercussions ont atteint inexorablement les cours de l'or noir. De toutes les manières, plusieurs spécialistes en économie craignent le pire. Ils affichent même des appréhensions quant à la possibilité de revivre le choc pétrolier connu en 1986. Le traumatisme a été ressenti, à telle enseigne que plusieurs pays dépendants de leurs exportations en hydrocarbures, se sont retrouvés, du jour au lendemain, endettés jusqu'au cou. Sans compter les multiples crises engendrées par cette situation, on ne peut plus regrettable, qu'a connue l'Algérie. Actuellement, les cours du pétrole continuent de chuter et le pays s'approche de plus en plus de la zone de turbulences.