Le ministre des Affaires religieuses, qui présidait hier la cérémonie du début des travaux de terrassement du terrain devant accueillir la grande mosquée à Mohammadia, a annoncé le lancement des travaux de réalisation pour le « deuxième trimestre 2009 ». Le premier coup de pioche, donné hier, a été l'occasion pour le ministre de fournir quelques renseignements sur le projet. D'entrée, Bouabdellah Ghlamallah s'est félicité de la présence des journalistes qui dénote, d'après lui, du « grand intérêt que tout le monde porte à la grande mosquée d'Alger. C'est le symbole de l'Algérie et de son identité », lance le ministre. Et d'ajouter : « Ce ne sont pas les mosquées et les salles de prière qui nous manquent, mais ce symbole qui nous distingue des autres nations. » Aux journalistes qui lui demandaient quand est-ce que les fidèles pourront accomplir leurs prières dans cette immense mosquée, le ministre a estimé que le projet devrait être livré 36 ou 40 mois après le début des travaux. Il a précisé cependant que tout dépendra de « l'évolution des études ». Le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a par ailleurs fait état de « correctifs » apportés à la forme, à la symbolique et à la conception de la mosquée suivant les observations et les avis « des penseurs, des historiens et des bureaux d'études ». M. Ghlamallah a déclaré également que l'emplacement du minaret, qui culminera à 270 m, n'est pas encore tranché, bien que l'option de l'édifier au milieu de la mosquée semble faire consensus. Interrogé s'il était opportun de positionner un édifice aussi sacré que prestigieux juste à côté de l'oued El Harrach puant, le ministre a semblé fataliste. « Que voulez-vous que nous fassions ? L'oued El Harrach ne gênera pas uniquement la mosquée puisqu'il gêne déjà les résidences mitoyennes, mais surtout la zone touristique en construction sur la baie d'Alger. » Ne faisant visiblement pas partie du « cahier des charges » du projet, le dommage collatéral de l'oued El Harrach relève des compétences d'autres institutions publiques, a lancé vaguement le ministre. Il s'agirait sans doute de ses collègues des Travaux publics et des Ressources en eau, à qui reviendrait la tâche « d'étouffer » les odeurs nauséabondes de l'oued. S'agissant de l'expropriation des particuliers dont les maisons sont situées sur l'assiette de la grande mosquée, M. Ghlamallah a précisé que leur indemnisation se fera « au cas par cas, en fonction de l'évolution des travaux ». Il est à rappeler que le projet de la grande mosquée d'Alger a été confié à la société canadienne d'ingénierie et construction Dessau-Soprin en avril 2007, au terme d'une opération à rebondissements décriée par les architectes algériens. Cela dit, selon les prévisions de cette entreprise, la réception de l'édifice ne pourra intervenir avant l'année 2013, soit environ 76 mois de travaux. La livraison de la grande mosquée d'Alger pourrait donc coïncider avec la fin du troisième mandat de Bouteflika et le début de la campagne pour un éventuel quatrième mandat. Cette institution monumentale, la troisième au monde après celles de La Mecque et de Médine, devrait accueillir près de 12 000 fidèles. En plus de la salle de prière, d'autres structures, comme un institut islamique, Dar El Qor'an, une bibliothèque, un amphithéâtre et des salles de séminaires, y sont également prévues. Le projet devrait coûter environ un milliard d'euros, d'après des prévisions optimistes.