Alors que les travaux de terrassement du site ont débuté il y a quelques mois, « la construction du projet de la grande mosquée d'Alger ne sera lancée que vers la fin de l'année en cours ou au courant du premier trimestre de l'année 2010 ». C'est ce qu'a affirmé hier le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdellah Ghlamallah, lors, d'un point de presse organisé en marge d'une journée d'étude sur la « durabilité des matériaux de construction ». Vu la nature du sol choisi pour l'implantation de ce gigantesque projet – présentant différents types de difficultés –, des études approfondies ont été recommandées par le groupe allemand KSP-KUK (Engel und Zimmermann GMBH et Krebs und Kiefer International Gmbh &Co). Ce projet qui avait provoqué une grande polémique et fait réagir des spécialistes de la construction, quant au choix du terrain situé à proximité de la mer, semble nécessiter davantage de recherches sur les plans géologique, sismique et environnemental. « Nous n'allons tout de même pas importer une assiette foncière. C'est notre pays, nous construisons où nous voulons », répond M. Ghlamallah, à une question sur cette insistance à implanter la grande mosquée dans une zone sujette aux critiques des experts. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, co-animateur de la conférence de presse, répondra à son tour : « Il n'existe pas de sol inconstructible. Certes, les sols sont différents, il existe des sols difficiles et des moins difficiles, mais tous sont constructibles, il suffit d'y mettre les moyens financiers et techniques adéquats », dit-il, en prenant l'exemple du tunnel sous la manche reliant la France à l'Angleterre. M. Moussa insistera pour dire : « L'étude est l'étape la plus importante d'un projet, elle doit prendre le temps qu'il faut, et nous le prendrons en ce qui concerne ce projet. » Et d'enchaîner : « Cette zone n'est pas facile, elle est à proximité de la mer, il faut prendre en compte la salinité de l'air, l'activité sismologique, la direction des vents et d'autres paramètres pour que le sol soit préparé à soutenir le poids de la construction qui doit regrouper le nombre de 120 000 fidèles soit 6000 t de poids, et ce, dans le cas où chaque fidèle pèse 60 kg. » Le ministre de l'Habitat, qui semble plus au fait des questions techniques que son collègue des affaires religieuses, indique : « Je ne peux préjuger de la nature du sol, les études sont toujours en cours et dirigées par 26 experts dont je ne peux remettre en cause l'expertise. » Ceci et de défendre le projet en disant : « Tout Alger est construit sur la côte, pourquoi pas la grande mosquée. C'est un sol comme un autre et c'est l'envergure de la construction qui nécessite des études poussées. » Le bureau d'études composé d'experts internationaux est en phase d'examiner la nature du sol jusqu'à 80 m de profondeur, « la société allemande qui existe depuis 1936 ne va pas se compromettre en faisant des études approximatives. Ce sont des études sérieuses », indique M. Ghlamallah en annonçant que le cahier des charges relatif à la construction du projet sera prêt cet été. « Si tout va pour le mieux, nous allons lancer au mois de Ramadhan l'avis d'appel d'offres à la concurrence nationale et internationale pour pouvoir choisir l'entreprise ou les entreprises réalisatrices », déclare-t-il. Avec beaucoup d'hésitation, le ministre des Affaires religieuses annonce que le coût global des travaux d'étude est « estimé à 1 milliard d'euros ou de dollars », affirme-t-il en optant après réflexion pour l'euro. Le même responsable précise, en outre, que la réalisation de la mosquée devra durer entre 36 et 42 mois. « Si les travaux débutent au premier trimestre 2010, la mosquée sera prête en 2019. » A noter que les travaux de deux journées d'étude sur « la durabilité des matériaux de construction » ont débuté hier à Dar El Imam où des spécialistes nationaux et étrangers planchent sur les matériaux adéquats à utiliser pour ladite mosquée. Cette dernière doit s'étendre sur 20 ha dans la commune de Mohammadia.