Un médecin égyptien a été condamné à 1500 coups de fouet et quinze ans de prison par un tribunal saoudien, pour avoir prescrit de la morphine à une princesse du royaume devenue dépendante de ce dérivé de l'opium, a déclaré mercredi le syndicat des médecins égyptiens. « Nous condamnons ce verdict dans les termes les plus vifs. Ce jugement relève plus de la torture que de la justice, il ne correspond à rien, que ce soit à la loi des droits de l'homme ou même la Charia, la loi islamique », a protesté Hamdi al Sayyed, directeur du syndicat. Le Dr Raouf al Arabi, médecin de 53 ans, a été condamné à 15 ans de prison et 1500 coups de fouet, à raison de dix à quinze coups de fouet par semaine, après avoir été reconnu coupable d'avoir administré de la morphine à une princesse saoudienne souffrant du dos à la suite d'un accident. Le médecin avait fait appel d'un premier verdict de sept ans de prison et 750 coups de fouet, mais sa peine a été doublée en seconde instance. « Il n'a pas eu un procès juste. Il n'y a même pas eu d'expertise médicale convenable. Nous sommes en contact avec des responsables saoudiens et égyptiens ainsi que le président Hosni Moubarak pour qu'ils interviennent », a précisé M. Sayyed, qui estime ce châtiment « pire que la mort ». « Il aurait mieux valu le condamner à mort. 1500 coups de fouet et 15 ans de prison seraient encore trop sévères pour un meurtrier », a-t-il ajouté. Selon M. Sayyed, l'inculpé aurait déjà reçu 15 coups de fouet et sera fouetté chaque semaine pendant 15 ans. Le fouet est une punition courante dans le royaume ultra-conservateur. Il est administré à intervalles pour éviter que le prisonnier ne meure des suites de ses blessures. Amnesty International a indiqué avoir depuis longtemps des doutes sur le système judiciaire saoudien, l'impartialité des juges et le secret des procès. « Les juges saoudiens ne paraissent pas comme complètement indépendants et semblent être sous l'influence de nombreux responsables », a déclaré Nicole Choueiry, porte-parole de l'organisation de défense des droits de l'homme à Londres. « Il y a probablement beaucoup de condamnations au fouet dont on n'a jamais entendu parler », a-t-elle ajouté.