Les pays africains, et en particulier ceux du Maghreb, doivent se mobiliser. Ils sont sommés de ne pas perdre de vue un des dangers qui risque d'être, dans quelques années, le problème numéro 1 de santé publique. Tunis. De notre envoyé spécial Il s'agit des maladies cardiovasculaires qui constitueront, s'il n'y aura pas de larges campagnes de sensibilisation, l'une des premières causes de mortalité en Afrique. « D'ici à l'horizon 2030, les taux de mortalité due aux maladies cardiovasculaires augmenteront de 160% en Afrique », prévoit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les pays du Maghreb risquent d'être profondément touchés par ce mal. Cela nous préoccupe beaucoup », souligne Michel Krempf, endocrinologue à la faculté de médecine de Nantes, en France, dans son intervention à l'ouverture du Symposium cardiovasculaire de Tunis. Organisé, samedi dernier, dans la capitale tunisienne, par le laboratoire Pfizer, ce séminaire s'est tenu avec la participation de près de 300 praticiens venant d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, du Gabon, du Cameroun et du Sénégal. Les participants ont, d'emblée, fixé l'objectif de cette rencontre : prendre conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de sensibiliser l'opinion publique. « Le meilleur remède est la prévention », note Michel Krempf. Et celle-ci ne saurait se faire sans prendre connaissance des facteurs favorisant l'apparition des maladies cardiovasculaires chez les individus. Le premier facteur est incontestablement l'augmentation du taux de cholestérol LDL (mauvais cholestérol qui forme des dépôts au niveau des parois protectrices et bouche les artères). Conjugué à un taux bas de cholestérol HDL (bon cholestérol qui sert de nettoyeur des artères), le cholestérol LDL est un véritable tueur silencieux. Pourquoi ? Selon l'orateur, les gens ne font pas attention et ne pensent jamais à mesurer leur taux de cholestérol. « Le taux élevé de cholestérol est un facteur clé dans les maladies cardiaques et ne peut être détecté que suite à un test effectué par un médecin. Les taux élevés de cholestérol LDL peuvent s'accumuler lentement dans les parois des artères qui alimentent le cœur et le cerveau. Si un caillot se forme et bloque une artère rétrécie, une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral peuvent avoir lieu », explique-t-il. « L'huile d'olive : une consommation modérée » En invitant les populations à surveiller leur taux de cholestérol, les médecins les appellent aussi à adopter un régime alimentaire sain. « Il est vrai que 25% uniquement de cholestérol dérive des aliments que nous consommons et que les 75% autres sont fabriqués par le corps. Mais, les gens doivent faire beaucoup attention à ce qu'ils mangent », ajoute-t-il. Michel Krempf met également en garde, dans ce sens, les Maghrébins contre une consommation excessive d'huile d'olive, un des produits les plus utilisés dans la cuisine nord-africaine. La population maghrébine, enchaîne pour sa part Ali Belhani, professeur de cardiologie à l'hôpital Charles Nicolle de Tunis, « a l'un des meilleurs régimes alimentaires au monde ». Un régime composé de céréales, d'huile et de poissons. « Toutefois, déplore-t-il, ce régime est actuellement bouleversé ». « Les gens préfèrent actuellement le régime occidental », dit-il. Bonjour les dégâts ! Un tel régime engendre un taux élevé de cholestérol qui, en le combinant avec d'autres facteurs comme le diabète, le tabagisme et l'obésité, augmente de 50 fois le risque de développer une maladie cardiaque. Avant de recourir au traitement médical, les médecins appellent à la prévention : suivi du taux de cholestérol à partir de 18 ans, contrôle du diabète et de l'hypertension, faire des exercices physiques et cesser de fumer.