Celui qu'on désignait « M. Dossier Khalifa » est décédé dans la nuit du 23 au 24 décembre 2004, foudroyé par une crise cardiaque, à l'âge de 55 ans. La mort du procureur général près la cour de Blida, Mohamed Tahar Lamara, a été un choc pour bon nombre de ses collègues mais aussi de la chancellerie. Lors de ses funérailles au cimetière d'El Alia, le ministre de la Justice ainsi que de hauts cadres de l'Etat, ont tenu à rendre un dernier hommage à ce magistrat « émérite ». Ses qualités profesionnelles et morales lui avaient permis d'être un des plus proches de Tayeb Belaïz. Le garde des Sceaux lui a d'ailleurs confié nombre de dossiers « sensibles » dont l'élaboration de textes de loi dans le cadre de la réforme judiciaire, notamment le chapitre consacré à la lutte contre la corruption. Un travail sur lequel il planchait lorsque la crise cardiaque est survenue, jeudi dernier à 23 h. Même chez lui, il se consacrait au volume de travail dont il avait la charge, surtout depuis qu'il a pris en main l'affaire Khalifa. Le dossier lui a été confié dès son installation à la cour de Blida, début novembre 2003. Le défunt a rejoint l'Ecole nationale d'administration d'où il est sorti major de promotion. A sa sortie de l'ENA, en 1973, il avait opté pour la magistrature à laquelle, se rappellent ses amis, il s'était donné corps et âme pour « concrétiser une justice équitable ». En 1990, débute pour lui la traversée du désert, notamment lorsque Adami était ministre de la Justice. Il avait été écarté en compagnie d'une quarantaine de collègues. Il avait dit un jour, concernant l'affaire Khalifa : « C'est la plus grande escroquerie que la justice aura à élucider. » « L'Etat est fermement décidé à mettre à nu les dessous de cette affaire », disait-il à chaque fois qu'il était interpellé par la presse, notamment El Watan.