Chaque jour que Dieu fait, les rues de la capitale sont envahies par des grappes de mendigots accompagnés de leur marmaille tendant la sébile en direction des gens qu'ils estiment baigner dans l'aisance. Des pans d'arcades de boulevards, de culs-de-sac, de passerelles et autres passages piétons sont squattés journellement par ces mendiants qui n'hésitent pas à exploiter la crédulité de leurs concitoyens. On les voit, dès les premières lueurs du matin, faire la manche dans une détresse qui force à l'apitoiement. Ils ont l'avantage de se fondre dans la masse urbaine dans une cité qui ne les empêche pas de « trimer » de manière professionnelle, en usant à loisir d'une batterie de subterfuges pour attendrir les cœurs sur leur condition qui prête à la précarité. Pour faire plus vrai, ils arborent des photos de la maisonnée qu'ils ont peine à prendre en charge ou la note d'une ordonnance qu'il urge d'honorer. L'essentiel est de remplir la besace. Ces supposés mendigots déguenillés et loqueteux prennent aussi, possession des endroits « attitrés » devant des devantures de boutiques, jouant sur le registre de l'apparence mesquine et autres fourberies pour soutirer le sou à ceux qu'ils pensent être en goguette. L'on s'interroge, dans la lancée de cet échantillonnage, s'il fait partie de la couche de population qualifiée par le ministère de la Solidarité de « vulnérable » comme la catégorie des SDF ? Car l'air de la chanson est bien connu : une fois la cagnotte bien remplie en monnaie sonnante et trébuchante, ces faux mendiants se dirigent vers les magasins pour échanger leurs picaillons contre des billets. En fin d'après-midi, leur mentor vient dans un carrosse dégingandé les récupérer après une belle moisson. Ils rallient leurs pénates, se soustrayant au regard loin dans la banlieue d'Alger, avant d'y retourner le jour suivant quémandant de nouveau l'obole. En attendant de ramasser le pactole.