Face, aujourd'hui, à des enjeux économiques importants, l'artisanat ne doit plus viser uniquement à la réhabilitation et à la sauvegarde d'un patrimoine ancestral, son rôle étant de lutter aussi contre l'exode rural et de participer activement au développement local en accordant une place de choix aux activités artisanales dans leur acceptation générale, à savoir production de biens, de services et d'artisanat d'art. En gros, c'est le message livré à la faveur de la journée nationale de l'artisanat, célébrée hier au palais de la culture Malek Haddad en présence des plus hautes autorités locales. Mais en fait, a déclaré à cette occasion le président de la Chambre de l'artisanat et des métiers de la wilaya de Constantine, cet évènement était programmé initialement pour le 9 de ce mois. Toutefois, décision a été prise d'avancer la date de cette célébration et de faire de ce mois de novembre 2008 celui de l'artisanat. L'agenda affiche, à ce propos, la tenue du salon de l'artisanat, programmé du 3 au 6 au palais de la culture Malek Haddad, la participation d'une cinquantaine d'exposants, la sortie de 150 stagiaires issus de la 6e promotion de l'école des métiers, placée sous tutelle de la Chambre des métiers (une formation assurée dans la pâtisserie traditionnelle et la haute couture), le lancement de la 7e promotion créditée d'ores et déjà d'un effectif de 200 stagiaires et l'organisation, les 24 et 25 du mois en cours, de portes ouvertes qui seront abritées par la maison de jeunes Azeddine Medjoubi, sis à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Considérée comme l'antithèse de la production industrielle de masse, dont on dit qu'elle élimine le contact humain et dépersonnalise le produit fini, le secteur de l'artisanat compte, selon une source autorisée, près de 6 000 artisans répertoriés à l'échelle de la wilaya de Constantine. Ces derniers font partie d'un effectif global estimé à l'échelle du pays à 200 000, sachant que 50 000 d'entre eux figurent au seul secteur de l'artisanat traditionnel et d'art. Fourni par l'agence nationale de l'artisanat traditionnel, ce chiffre ne reflèterait pas la réalité du terrain, où de récents sondages effectués auprès des populations font état de 150 000 artisans exerçant dans un cadre où, fort malheureusement, l'on assiste à la mort programmée de plusieurs spécialités artisanales, à l'exemple de la teinturerie, la bourrellerie, la tapisserie, etc. Ainsi, pour ressusciter ou insuffler un souffle nouveau à certains corps de métiers parmi les plus menacés, la tutelle a jeté son dévolu sur 7 wilayas du pays, où a été institué un dispositif d'urgence appelé système productif local (SPL). Chaque dispositif étant articulé autour d'une spécialité précise, la wilaya de Constantine s'est vue attribuer la mission de promouvoir, dans ce canevas, la dinanderie. Quatre-vingt artisans adhèrent actuellement à ce dispositif de soutien, mais, d'après le président de la Chambre de l'artisanat, près de 600 artisans en dinanderie restent en marge, préférant, pour diverses raisons, activer dans l'informel. Un point noir qui ne joue pas en faveur de ce métier ancestral où les maîtres artisans constantinois faisaient autorité en la matière, en s'appuyant sur le travail de la feuille de cuivre avec laquelle ces orfèvres réalisaient des prouesses en la transformant, avec un art consommé, en articles utilitaires ou décoratifs. Le tout réalisé dans de minuscules échoppes dans lesquelles régnait une atmosphère très particulière rythmée, à longueur de journée, par les sons produits par le bruit des outils martelant les feuilles de cuivre.