Comme le souligne Ed Haley, professeur de sciences politiques à l'université Claremont McKenna en Californie, « l'un des meilleurs spectacles de la démocratie, ce sont les élections ». Dans ce spectacle, la presse est bien sûr aux premières loges mais elle a en même temps une responsabilité énorme ; ceux qui sont derrière comptant en partie sur elle pour avoir des informations plus précises sur ce qu'il se passe devant. Si la télévision reste le média le plus utilisé par les candidats et le plus regardé par les électeurs, la durée moyenne à l'antenne des extraits de déclarations des candidats, c'est-à-dire le temps où on laisse les candidats s'exprimer eux-mêmes, est tombé de 42 secondes en 1968 (à la généralisation de la télévision) à 7,2 secondes dans les années 2000 (à la généralisation de l'internet). Même lorsque les médias couvrent les campagnes, les candidats ne s'adressent pas réellement directement aux électeurs. Une étude de la couverture par les principales chaînes de télévision des dernières élections présidentielles a montré que les journalistes de télévision avaient parlé 74% du temps, les téléspectateurs n'ont entendu les candidats que 12% du temps et que ce temps de parole n'avait duré en moyenne que 7,8 secondes. On le sait même en Algérie, les journalistes parlent beaucoup plus que les gens qu'ils sont censés faire parler.