Les démocrates, majoritaires au Congrès américain depuis 2006, sont en position de force pour arracher aux républicains de nouveaux sièges aux élections du 4 novembre et concentrer un peu plus de pouvoirs entre leurs mains. Les 435 sièges de la Chambre des représentants pourvus en 2006 ainsi que 35 des 100 sièges du Sénat sont remis en jeu cette année. Comme pour l'élection présidentielle, qui aura lieu le même jour, l'avance des démocrates est liée aux préoccupations des électeurs en matière économique et à l'impopularité du président George W. Bush et du Parti républicain en général. Selon l'analyste Stuart Rothenberg, les démocrates ont même une chance d'atteindre la majorité des 60 sièges au Sénat. Ce chiffre représente le seuil minimum pour empêcher l'opposition d'utiliser la méthode de l'obstruction systématique dite “filibuster”, une procédure qui donne aux sénateurs le droit de bloquer ou de retarder des votes. Mais les avis sont partagés. John Pitney, professeur de sciences politiques au McKenna College à Claremont (Californie), pense que les démocrates n'atteindront pas ce chiffre décisif. Actuellement, le parti possède 49 sièges, tout comme les républicains. Mais deux sénateurs indépendants votent généralement avec les démocrates. À la Chambre des représentants, les gains des démocrates pourraient être d'au-moins 20 sièges, selon M. Rothenberg. La chambre basse du Congrès américain compte actuellement 235 démocrates et 199 républicains. Selon John Pitney, “avec une majorité de 60 sièges au Sénat, et avec une majorité plus large à la Chambre, les démocrates peuvent faire presque tout ce qu'ils veulent, s'ils sont unis”. Mais une telle puissance n'a pas que des avantages. “Si les choses se gâtent dans les deux prochaines années, les démocrates n'auront personne à qui faire porter le chapeau”, observe M. Pitney. Si le président élu le 4 novembre est le démocrate Barack Obama, la majorité écrasante des démocrates au Congrès l'aidera à faire passer ses réformes, comme celle de la protection santé. Toutefois, dans le système politique américain, le pouvoir législatif est indépendant de l'exécutif et les membres du Congrès peuvent s'opposer à leur président même s'ils sont du même parti. Mais si le républicain John McCain est élu le 4 novembre, il connaîtra, a priori, une opposition bien plus forte. Le Congrès pourrait être en désaccord avec lui, par exemple sur le maintien des troupes américaines en Irak. Et la bataille entre exécutif et législatif pourrait faire échouer d'autres projets de loi, une perspective délicate en temps de crise économique. La dernière fois que l'un des deux partis a atteint la majorité de 60 sièges au Sénat remonte à 1976, lorsque les démocrates en ont obtenu 62. Ils bénéficiaient aussi d'une majorité des deux tiers à la Chambre. Mais le président Jimmy Carter s'est souvent trouvé en conflit avec le Congrès, ce qui l'a empêché d'imposer des réformes attendues. R. I./Agences