Depuis l'invention de la télévision, les élections ne mettent plus en compétition des idéologies mais s'apparentent à un conflit d'images. Ce qui est valable pour la télévision l'est aussi pour internet ; les deux candidats à l'élection présidentielle américaine l'ont très bien compris en renforçant leur présence sur la Toile. L'enjeu de la campagne américaine se déplace désormais sur le web, c'est plus économique et cela permet de toucher sa cible de manière plus segmentée. Et là aussi, chouchou des médias, c'est Barack Obama qui est en tête avec 70 vidéos présentées sur You Tube (un site de vidéos en ligne qui n'existait pas en 2004) totalisant 2,8 millions de visites. Tous les spécialistes sont d'accord pour constater une énorme différence dans la façon dont le web couvre la campagne, d'autant que des sites comme You Tube permettent de contredire des déclarations de candidats en mettant en ligne des documents vidéos qui prouvent le double langage de McCain ou Obama. Ce site va encore plus loin en proposant « video your vote » (enregistrez votre vote) qui demande à tout le monde de filmer l'élection en direct depuis les bureaux de vote pour éviter d'éventuelles fraudes. Selon un récent sondage, encore un, si 59% des électeurs inscrits ont eu recours à internet pendant la campagne, 39% d'entre eux ont avoué s'en être servis pour regarder des vidéos sur la campagne. Il faut bien sûr relativiser. D'abord, internet n'a peut-être pas une influence directe sur le vote, mais sur la couverture de la campagne. Contrairement aux élections passées, les candidats ne peuvent plus faire comme si la blogosphère n'existait pas ; ils doivent surveiller tout ce qui s'y dit. Ensuite, internet n'est pas non plus un paradis de vertueux et gentils militants de la vérité. La campagne qui voulait faire de Barack Obama un musulman a été organisée grâce à et sur internet, le média idéal pour répandre rumeurs et fausses informations. L'impact a été fort. Un sondage, c'est le dernier, promis, indique qu'en fin de campagne, 23% des électeurs texans étaient persuadés que Obama était musulman.