Entente Le républicain George W. Bush et son rival démocrate John Kerry ont au moins un point commun : éviter le plus possible de parler du conflit israélo-palestinien. A moins de deux semaines de l'élection présidentielle du 2 novembre, les deux camps semblent faire des efforts concertés pour esquiver un dossier-phare pour la diplomatie américaine depuis plus de trente ans. Les candidats semblent soucieux d'éviter de prendre des positions qui pourraient aggraver l'image des Etats-Unis dans le monde arabe, en particulier en Irak, ou leur aliéner l'électorat juif américain ? crucial dans un Etat comme la Floride, où la précédente élection en 2000 s'était jouée à quelques centaines de voix. Alors que la «feuille de route», le plan de paix soutenu par Washington, semble ne mener nulle part, MM. Bush et Kerry se sont jusqu'à présent essentiellement contentés de platitudes sur ce dossier. «L'aspect le plus frappant du débat (sur ce sujet), c'est qu'il n'y a pas de discussion et qu'aucun des deux candidats ne prend l'initiative d'en parler», relève Robin Niblett, du Center for Strategic and International Studies (CSIS), un institut indépendant. Il y a manifestement «un souci des deux candidats d'éviter de contrarier une importante fraction de l'électorat», ajoute-t-il en allusion au vote juif américain. De fait, les deux candidats, dans leurs rares références à ce sujet, se sont essentiellement contentés de soutenir le Premier ministre israélien Ariel Sharon et de clouer au pilori le président palestinien Yasser Arafat. «M. Arafat a démontré son incapacité à être un partenaire valable pour la paix», a récemment déclaré M. Kerry en Floride, reprenant quasiment mot pour mot une formule employée par M. Bush. Tout comme M. Bush, M. Kerry a félicité M. Sharon pour son plan «courageux» de retrait de la bande de Gaza. Lors de leur débat télévisé le 5 octobre, les candidats à la vice-présidence, Dick Cheney et John Edwards, ont trouvé peu de terrains d'entente, sauf pour reconnaître le droit d'Israël à se défendre face aux attentats palestiniens. La traditionnelle cour auprès de l'électorat juif n'est toutefois cette année pas la seule composante de la stratégie des candidats, relèvent des experts. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak, ils ont également pour souci, sans l'avouer, de ne pas aggraver l'image très dégradée de l'Amérique dans le monde arabo-musulman, ce qui peut expliquer leur volonté de garder un profil bas sur le dossier israélo-palestinien et de s'en tenir à des propos convenus sur le soutien à l'Etat hébreu.