On parle souvent de l'ascension sociale du candidat démocrate Barack Obama et tout le monde se félicite qu'il soit de ceux qui ont réussi grâce à la lutte de leurs ancêtres, notamment dans les années 1960. Lui et son épouse ont d'ailleurs l'âge de cette contestation et lui s'en revendique même si, remarque-t-on, il n'a pas la même ascendance ou pour être plus précis, il n'est pas descendant d'esclave et il n'est pas tout à fait Noir non plus. Barack Obama est né de père kenyan et de mère américaine. Une Blanche. Ce qui fait de lui un métis. Mais un tel débat semble l'agacer, lui qui se considère comme un Américain et rien d'autre. Il a d'ailleurs réussi à convaincre des millions d'Américains qui pensent comme lui. Et même la sociologie de la population semble lui donner raison puisque l'on entend de moins en moins parler de question raciale, même si le racisme n'a pas disparu. Les Américains expliquent cette évolution par les chiffres sur une quarantaine d'années, soit depuis la fameuse marche des Noirs américains conduite par le pasteur Martin Luther King ou encore la signature par l'ancien président Lyndon Johnson du « Civil rights » en mars 1965. Depuis cette date, remarque-t-on, des millions d'Américains ont pu quitter leur condition misérable, traverser la rue comme on dit pour accéder à l'enseignement et la réussite sociale. C'est de cette manière que Barack et Michelle Obama ont pu accéder à l'université. La suite, ils l'ont arrachée par leur sérieux et leur détermination. Selon des statistiques officielles que l'Amérique n'hésite pas à exhiber. 51% des Noirs appartiennent à la classe moyenne, dont 23% à une bourgeoisie professionnelle aisée. Elle n'était que de 13% dans les années 1970. On se plaît aussi à établir une pyramide des âges pour constater que de nombreux quadragénaires ont pu accéder à des responsabilités professionnelles qui n'ont absolument rien à voir avec le parcours de leurs parents. Selon l'expression consacrée, ces derniers ont reçu des coups et leur descendance leur doit sa réussite. C'est ainsi qu'est perçu le parcours de Obama qui brigue aujourd'hui la présidence des Etats-Unis. Nous avons retrouvé sa maison dans le South Side et tout ce qui la distingue des autres, c'est le cordon de sécurité qui l'entoure au point où, avons-nous appris sur place, que cela agace les voisins pour les restrictions que cela génère pour la circulation et le stationnement des véhicules. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne sont pas fiers de leur désormais illustre voisin qui n'a pas quitté son 5056 South Greenwood, une petite zone dans le South Side, où la différence en termes de revenus saute aux yeux. L'état des lieux en est révélateur. Ce n'est pas le ghetto, mais l'endroit est habité essentiellement, sinon uniquement, par des Noirs, avec des immeubles dégradés. Autre signe extérieur, l'état du parc autos vieux d'au moins une décennie. Et dire, comme nous l'ont indiqué des habitants de la ville, cette ceinture a été repoussée plus loin de quelques kilomètres que le down-town, le centre-ville, marqué quant à lui par des constructions récentes et dont les terrains d'assiette ont été pris justement sur ce qui constituait la ceinture de misère. Et là, constate-t-on, la faute n'incombe pas aux Noirs américains parce que ces derniers ont démontré qu'ils savaient saisir leur chance quand celle-ci se présentait à eux sous une forme ou une autre. Les chiffres encore l'attestent. « I have a dream », déclarait avant son assassinat en 1968 Martin Luther King. Pour Mme Long, celui-ci semble enfin se concrétiser puisque des membres de sa communauté ont pu accéder à de nombreux postes. Ils ont eu un chef des armées, deux secrétaires d'Etat, des gouverneurs, des maires, des parlementaires. Sans parler des nombreux managers. C'est ce qu'on appelle la réussite sociale. Si Obama venait à franchir aujourd'hui le seuil de la Maison-Blanche, occuper le fameux bureau ovale et devenir l'homme le plus puissant de la planète, c'est plus qu'un rêve qui se réalisera.