S'il est des métiers qui ont survécu à l'oeuvre du temps, ce serait, sans conteste, ceux des herboristes et des apothicaires. Vieux comme Mathusalem, ces métiers continuent de se pratiquer de nos jours. A Mila, à l'instar des autres régions du pays, il est quasiment certain de retrouver dans chaque ville et village ce genre de commerce qui date de temps immémoriaux. Les herboristes et apothicaires sont généralement logés dans de petites boutiques qui regorgent toutefois d'une infinité de plantes médicinales et aromatiques. La clientèle, à majorité féminine, fréquente ces minuscules bicoques du matin au soir et passent des heures à quêter pour le produit sur lequel elles ont porté leur choix. Les chalandes repartent rarement bredouilles, puisque la disponibilité ne pose manifestement aucun problème. Ces dernières sont sûres de retrouver les ingrédients qu'elles recherchent. Du laurier, de la fleur d'oranger, du thym, de la lavande, du tilleul, en passant par les condiments, les ombellifères, les plantes ou feuilles prisées pour leurs qualités aromatiques, l'encens, le henné et tutti quanti. S'il ne fait aucun doute que certains ingrédients ou infusions sont recommandés dans les facettes culinaires ou pour calmer de simples maux de tête, le traitement médical par l'emploi excessif de plantes médicinales comme remède risque de s'avérer dans bien des cas dangereux et peut entraîner des complications nocives imprévisibles. Et pour preuve, nombreuses sont aujourd'hui les familles qui ont recours à la phytothérapie et l'homéopathie comme succédanés à la médecine afin de contourner les lourdes dépenses inhérentes aux consultations et autres prescriptions médicales. Ces méthodes thérapeutiques appelées médecines douces, qui échappent en réalité à une réglementation claire, recèlent, certes, des vertus thérapeutiques indéniables, mais les surdoses, les excès et le mauvais usage de certaines plantes médicinales aggravent parfois les cas de certains sujets. Car, « l'on a tendance à trop substituer ces produits dits remèdes miraculeux à la pénicilline et aux antibiotiques pour terrasser des maladies plus ou moins lourdes », se sont offusqués des médecins spécialistes. Constat loin d'être fortuit, dès lors qu'une caste d'apothicaires qui écume les souks s'est mise à défier sans vergogne la science et le savoir. Nullement inquiétés, ces charlatans, profitant de l'ingénuité ou du désarroi (c'est selon) de certaines personnes malades, leur écoulent au rabais des fioles d'onguents, des drogues et des poudres blanchâtres censées venir à bout de rhumatismes, de douleurs rénales, d'un trouble gastrique ou d'une inflammation microbienne du poumon. Ces vendeurs de poudre de perlimpinpin et pseudo-guérisseurs qui rappellent un autre âge se font souvent assister d'énergumènes complices, soigneusement triés dans la foule des badauds et « préalablement payés » pour jurer par tous les saints qu'ils guérissent grâce au « produit miracle » du camelot.