Indifférente, la machine impitoyable du progrès avance, broyant des habitudes, des métiers et? des hommes. Les nostalgiques sont encore là, aujourd?hui, pour évoquer des métiers, une vie. Demain, plus personne ne s?en souviendra. Des métiers qui étaient pratiqués jusqu?à récemment par des Algériens et qui étaient des véritables ressources financières pour des milliers de foyers sont, depuis une vingtaine d?années, en voie de disparition pour certains, totalement disparus pour d?autres. «Il ne faut pas cacher le soleil par un tamis, les temps ont changé, c?est malheureux, mais c?est le progrès...», explique un nostalgique des années soixante-dix, qui faisait le métier d?écrivain public à Chéraga. Où sont le forgeron, le vitrier, le récupérateur de meubles anciens, le porteur d?eau ? Par amour ou par nostalgie, des personnes continuent d?exercer leurs «vieux» métiers ; d?autres le font dans un but purement culturel. «C?est un patrimoine à préserver et il est de notre devoir de le faire vivre encore et de le transmettre à la nouvelle génération», explique un vitrier de Aïn-Benian. Les temps où ces vieux métiers étaient couramment pratiqués sont révolus, à la désolation des nostalgiques. La nouvelle génération, indifférente, n?a parfois jamais entendu parler de certains d?entre eux qui leur paraissent, quand ils entendent leur noms, comme des métiers du siècle dernier. Mais ce n?est pas exactement le cas. Même si beaucoup de ces métiers ont sombré dans l?oubli après avoir été pratiqués jusqu?aux années 1970 et même au début 1980, certains ont toujours une place dans notre quotidien même si le progrès a essayé de les jeter dans la corbeille de l?histoire. Le forgeron, le vitrier, l?écrivain public, le couturier, le docker, etc. résistent aux effets de l?économie de marché et des mutations de la société. Cette résistance s?explique par deux raisons. D?abord la misère. Beaucoup d?Algériens vivent des conditions économiques très difficiles (chômage, cherté de la vie?). Conséquence : ils ne peuvent pas se permettre les merveilles de la technologie moderne, que ce soit pour leur habillement ou les outils qu?ils utilisent quotidiennement. La deuxième cause de cette survie des anciens métiers est à chercher dans les traditions et la culture. Personne ne peut contester le fait que l?algérien est très attaché à ses traditions et à ses coutumes. On a tous tendance à admirer le Bédouin qui arrive dans une ville du Nord avec ses habits traditionnels (burnous, kachabia, chéchia...). C?est le cas aussi pour les outils de cuisine. Beaucoup de familles célèbrent toujours leurs fêtes et leurs mariages en utilisant des plats en cuivre, surtout dans les régions de l?intérieur et les quartiers populaires, à l?exemple de la Casbah d?Alger.