L'année écoulée aura sans nul doute marqué l'esprit des citoyens algériens, particulièrement les militants de l'ex-parti unique par l'exacerbation des tensions entre les pro-Bouteflika et les pro-Benflis, après la décision finale de la justice en fin 2003 - après une série d'appels - qui a « tranché » pour le gel des activités, des institutions nées au lendemain du 8e congrès, lequel congrès a été tout bonnement annulé par décision de justice. La contestation, en début d'année, des militants du FLN restés dans leur majorité fidèles au secrétaire général du parti, en l'occurrence Benflis, ne dépassera pas les alentours du siège du parti, qui a été entouré par un cordon sécuritaire impressionnant. Entre temps, les redresseurs jusque-là unis, multipliaient les actions pour déstabiliser ceux qui seront désignés plus tard comme les légalistes. A l'approche de l'élections présidentielle du 8 avril, on parlait de plus en plus de mouhafadha parallèle, tantôt elle est présidée par Bousebaâ, responsable des comités de soutien au président, tantôt par Bouledjmar ou Mezaouda. Ce qui créa une situation singulière et insoutenable pour les militants, qui avaient droit à trois mouhafadhas, une pro-Benflis et deux autres pro-Bouteflika. Même les meetings animés par les uns et les autres se réclamaient tous du FLN, alors que chacun s'amusait à inviter le plus grand nombre de ministres pour prouver sa force. C'est ainsi que Haïchour viendra à plusieurs reprises au secours de Bousebaâ, alors que Boukerzaza parrainera Mezaouda. Sans oublier que Bouldjemar qui allait plus tard - à quelques jours des élections - se réclamer de la mouhafadha était le poulain de Tou. Le verdict de l'élection en avril allait amorcer une nouvelle phase dans la vie du parti, qui se trouva encore une fois au milieu de luttes sans merci pour avoir le pouvoir de contrôler la mouhafadha de Constantine. Les beaux discours de réconciliation fredonnés ici et là cédèrent le pas à une guerre sans merci, entre redresseurs et légalistes et les redresseurs entre eux. Le va-et-vient de quelques ministres n'y fera rien. Les redresseurs demanderont à ce que les vaincus se retirent alors que les légalistes estimaient qu'ils étaient encore des militants du parti. La réunification célébrée par les légalistes et les redresseurs (aile Mezaouda), à l'occasion du cinquantenaire du déclenchement de la Révolution nationale allait couper l'herbe sous les pieds des redresseurs libres (aile Bouledjmar). Les réunifiés espéraient ainsi constituer un interlocuteur privilégié des décideurs du parti et la venue de M. Tou en début de ce mois en est la parfaite preuve. M. Tou a eu, en effet, à installer la commission de wilaya pour la préparation du congrès réunificateur, alors que l'autre aile n'y a été nullement conviée. Pourtant, le malaise persiste encore chez les militants du parti, qui ne saisissent pas toujours les enjeux de toute cette agitation.