Il ne fait aucun doute qu'il sera mis au pied du mur et que son choix sera douloureux. Micmac autour d'une décision de justice interdisant la tenue d'un congrès. A-t-elle été prise dans les conditions normales? La procédure a-t-elle été respectée? M.Zitouni lui-même, président de la cour d'Alger, l'a contestée dans le fond et dans la forme. Le président du syndicat des magistrats lui emboîte le pas. Tous les deux parlent d'une atteinte grave à l'indépendance de la justice. La justice a donc été violée. En revanche, pour le clan présidentiel, M.Ali Benflis a enfreint la loi en organisant son congrès, car la décision prise en référé interdit d'organiser le congrès en tout lieu. C'est donc un autre son de cloche. Leur calcul est simple : le but est d'amener le Conseil constitutionnel à invalider la candidature d'Ali Benflis en l'amenant à défier la justice et donc à le condamner à une peine le rendant inéligible. Pareille aventure était arrivée, sous un autre motif, à feu Mahfoud Nahnah. On parle déjà d'un traquenard tendu à Ali Benflis. Il ne fait aucun doute que le Conseil constitutionnel sera mis au pied du mur et que son choix sera douloureux. Homme intègre jouissant d'une notoriété internationale, M.Mohamed Bedjaoui aura à trancher dans le vif, à la manière d'un chirurgien. Il sait que les arguments présentés ne pourront pas empêcher Ali Benflis de s'aligner dans la course à la présidentielle. Les partisans du secrétaire général du FLN eux, assurent qu'ils sont sereins et que, dans cette affaire, les torts ne sont pas dans leur camp. Pour preuve, jusqu'à hier, ils n'avaient pas reçu la notification de la décision de justice. Par conséquent, si l'on reste sur le strict plan du droit positif, on peut dire qu'il y a à boire et à manger et que le plan imaginé par les «redresseurs» est bringuebalant et qu'il ne tiendra pas la route devant les fins juristes du Conseil constitutionnel. D'autant plus que la décision d'interdiction concerne le parti du FLN et non Ali Benflis en tant que personne. La candidature à la présidentielle est une candidature individuelle, pour peu que le candidat arrive à réunir les 600 signatures d'élus répartis sur au moins 25 wilayas (article 157 de la loi électorale) ou bien 75.000 signatures individuelles (article 158). Il n'est nulle part stipulé que la candidature soit parrainée par un parti. Le mandat du président de la République est un mandat national et transpartisan. Le premier magistrat du pays est au-dessus de la mêlée et est le président de tous les Algériens. Ainsi donc, au fil des jours, on voit se dessiner en filigrane les différents scénarios échafaudés par les pro-Bouteflika pour amener Ali Benflis à commettre un impair, à baisser sa garde en défiant la loi et en passant outre à une décision de justice. Le scénario de l'invalidation de sa candidature par le Conseil constitutionnel fait partie de la panoplie de mesures imaginées, mais il n'y a pas que cela. L'autre scénario envisage de couper l'herbe sous le pieds du SG du FLN à l'Assemblée populaire nationale en essayant de soudoyer les députés du FLN et ceux des autres formations politiques. La dissolution qui se profile en point de mire s'appuie sur la maîtrise de l'administration par le clan des pro-président de la République et donc sur une défaite historique des partisans de Ali Benflis. Mais là aussi, les plans peuvent s'avérer faux et contre-productifs, puisque, jusqu'à preuve du contraire, les députés du FLN, ainsi que ses ministres qui ont quitté le gouvernement font preuve d'une bonne discipline.