Les six magistrats du Conseil ont pris le temps nécessaire pour trancher et dire le droit. Des événements particulièrement déterminants et en relation directe avec le cours de l'élection présidentielle marqueront la première quinzaine de mars qui s'annonce politiquement très chaude. Tous les regards des militants du FLN qu'ils soient pro ou anti-Benflis seront braqués sur la journée du 3 mars prochain lorsque le Conseil d'Etat aura à statuer définitivement sur le cas du FLN. Les six magistrats du conseil ont pris le temps nécessaire pour trancher et dire le droit. Selon quelques indiscrétions, trois juges se sont prononcés pour l'invalidation du 8e congrès, tandis que l'autre moitié (également trois juges) a débouté les redresseurs. Cette parité dans les voix amènera automatiquement l'arbitrage de Mme Aberkane, présidente du Conseil. Sa voix sera prépondérante en cas de neutralité dans le vote. La reprise des travaux de la session du printemps de l'Assemblée nationale coïncidera avec l'annonce du Conseil d'Etat. Les députés pro-Benflis ne rateront pas l'occasion d'écorcher le gouvernement Ouyahia sur sa passivité lors des évènements de Sfax. Deux autres questions d'une extrême sensibilité seront au centre du débat parlementaire. La suppression de l'état d'urgence et la constitution de trois commissions d'enquête sur «L'utilisation de l'argent public», «Les pratiques illégales de certains walis» et «L'immunité parlementaire» autant de questions que les députés du FLN pro-Benflis soulèveront lors de ces travaux. Deux jours après le verdict final du Conseil d'Etat, ce sera au tour du Conseil constitutionnel de faire connaître officiellement les noms des futurs «présidentiables» au scrutin du 8 avril. Sur les 9 candidats ayant déposé leur dossier, quelques «surprises» ne sont pas à écarter : la liste pourrait se rétrécir à 6 candidats. Le Conseil national de la centrale syndicale qui se réunit également le 3 mars devrait débattre de la question de la présidentielle. Un grand forcing est opéré par les responsables syndicaux d'obédience RND et certains élus proches du cercle présidentiel pour amener le SG, Sidi Saïd à proclamer son soutien au candidat Bouteflika. Cette rencontre risque d'être houleuse. Ces deux évènements majeurs n'auront aucune influence directe sur le programme des visites présidentielles de Bouteflika à l'intérieur du pays. Profitant d'une «étonnante» anomalie constitutionnelle, le président sortant reprendra son bâton de pèlerin et continuera ses «sorties» largement décriées par ses opposants à la magistrature suprême. Son agenda de visites a été conçu par ses principaux conseillers de telle façon qu'il n'aura aucun répit et ce, jusqu'au 15 mars prochain, soit à deux jours du début de la campagne présidentielle qui s'ouvre le 18 de ce même mois. Il aura ainsi achevé une période longue de plus de 8 mois consacrée essentiellement à occuper le devant de la scène politique et médiatique non sans arrière-pensée électorale. Cette «posture» parfaite du président Bouteflika sera néanmoins altérée par une action internationale que compte entreprendre Me Ali Yahia Abdenour, le président de la Ladh, en tournée actuellement dans certaines capitales européennes. Ce membre influent du groupe des dix déposera incessamment un rapport sur les «disparus» en Algérie devant la Commission des droits de l'homme de l'ONU. Ce document met en cause directement le président Bouteflika qui «n'a pas voulu», selon Me Ali Yahia, «résoudre le problème en l'utilisant parfois comme une arme politique contre les généraux». De plus, le président de la Ladh qui rencontrera aujourd'hui à Paris, le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, sera l'invité de la chaîne Khalifa News qui émet à partir de Londres depuis quelques jours seulement. Dans le même temps, Ali Benflis, autre candidat sérieux à la présidentielle est depuis hier en France, plus exactement à Lyon, une ville à forte communauté algérienne avant de s'envoler pour Bruxelles, la capitale belge.