Il était de ceux qui ont versé du sang pour que l'Algérie soit indépendante. De ceux qui ont vaincu, par leur courage et leur bravoure, le colonialisme français. Ifri Belkacem, ce valeureux moudjahid qui a tiré sa révérence un certain 30 décembre 2006 à l'âge de 78 ans, reste un symbole des habitants de Bouhamza, un village de Béjaïa, comme tant d'autres qui ont souffert de la tyrannie et de la barbarie coloniales. Pour qu'on ne l'oublie pas, son fils, Hafid, lui rend hommage à sa manière, en nous adressant une lettre émouvante où il retrace, date par date, le parcours de son père durant la guerre de Libération nationale. « Blond, de forte corpulence et de grande taille, orphelin dès sa tendre jeunesse, il trimera beaucoup pour élever ses frères et sœurs. En 1947, il émigre en France où il travaillera dans une mine de charbon durant sept ans. Ce ne sera qu'en 1954 qu'il retournera en Algérie pour répondre à l'appel du déclenchement de la Révolution », souligne-t-il dans sa missive. Après avoir milité clandestinement les trois premières années de la guerre de Libération nationale en faisant parvenir des vivres, des médicaments, des vêtements ou des renseignements à ses « frères » au maquis, Ifri Belkacem finira par rejoindre lui-même le maquis en 1957 pour échapper aux sbires coloniales qui le recherchaient. Il combattra ainsi aux côtés du commandant Si Hmimi (Oulfadhel), chef de la troisième région militaire, et d'autres braves combattants pour la Révolution qui « feront parler la poudre partout où ils seront passés ». Ifri Belkacem a frôlé la mort à plusieurs reprises. Lors d'une embuscade tendue par l'armée coloniale, il perdra plusieurs de ses compagnons. Quant à lui, il est miraculeusement sorti d'une grave blessure. « Il a été atteint lors de cette embuscade de trois balles et réussira à s'échapper et à se réfugier à Beni Maouche dans une casemate aménagée en hôpital de campagne », est-il relevé dans la même lettre. Une fois remis de sa blessure, Ifri Belkacem reprendra « avec acharnement » la lutte armée et ce, jusqu'au recouvrement de l'indépendance. Dans l'Algérie libre et indépendante, il rejoindra le corps de la Gendarmerie nationale avec le grade de sous-officier. Ifri Belkacem fait partie de ces milliers anciens maquisards qui ont toujours vécu loin des feux de la rampe et qui sont restés durant toute leur vie dans l'anonymat. Des moudjahidine qui risquent de quitter ce monde en emportant avec eux un pan de notre histoire et de notre mémoire collective.