D'origine algérienne, psychothérapeute énergéticienne indépendante, auteure de plusieurs ouvrages, organisatrice de séminaires et congrès, Fanny Didiot-Abadi exerce à Montpellier, dans le sud de la France. Vous avez cheminé pendant des années au sein des séminaires psychanalytiques, travaillé dans des établissements spécialisés, offert vos services aux associations... En un mot, vous en sortez avec quelle idée sur la condition humaine dans un contexte de bellicisme, de haine et de rejet de l'autre ? Si je choisis juste un mot, je choisis amour. Mais il ne faut pas confondre amour et affectif, ce sont deux concepts différents. Il n'y a pas noir ou blanc, vide ou plein, vie ou mort, amour ou haine, pouvoir ou soumission… Il y a noir et blanc, vide et plein, vie et mort, amour et haine, pouvoir et soumission… tout ceci existe dans notre monde. C'est dans le « ou bien », un raisonnement binaire qui limite la vision du monde, qu'effectivement peut se jouer le rejet, l'exclusion… Même si le monde est fait de paradoxes, de ses polarités nous pouvons choisir et être en harmonie avec le monde ; choisir l'amour, la paix, la guérison, la farha (joie et fierté dépourvue d'orgueil), ainsi nous pouvons continuer à cheminer sans exclure l'autre… bien au contraire. Le rejet vient souvent de ce que l'on ne connaît pas. L'être humain a du mal avec la différence, car il ne se connaît pas suffisamment lui-même, et bien souvent la peur finit par le dominer. Il me semble que la condition humaine découle de son essence même, charge à chacun d'en saisir les sens, le sens sans tomber dans l'insensé. Réaliser son spacieux et précieux temple intérieur et vivre la vie, sa vie et avoir la joie de pouvoir goûter au véritable partage. Vous qui soutenez et supervisez de nombreux projets humanitaires, persistez-vous encore à croire que la thérapie de façon générale puisse se dresser contre les armes ? Si les armes sont le mal, il appartient aux humains de s'en défaire. Si l'arme est une maladie et que la psychothérapie permet la conscience et la libération, le fléau serait donc l'inconscience et l'ignorance. Mais même dans ce sens, la psychothérapie ne se « dresse pas », elle peut permettre à l'humain de se redresser… un chemin de discernement, de distanciation et de lucidité... vers la paix de son monde intérieur par le corps, l'âme et l'esprit. La thérapie s'adresse à des personnes en souffrances physique et psychologique ; elle reste pour moi un moyen fondamental de pouvoir se retrouver, se guérir, se libérer, voire se trouver. Elle s'adresse donc aussi à ceux qui souhaitent se visiter, se sonder ; afin de se libérer des pressions et continuer à faire espace en soi… en recherchant la sérénité et la paix. Accepter d'être en vérité est une belle forme d'intelligence qui demande une grande maturité du cœur et du courage. Effectivement, je supervise plusieurs projets humanitaires, certains sont dans le cadre thérapeutique, d'autres dans l'événementiel interculturel. Il s'agit pour moi de tenter d'offrir un champ plus libre de pensées, d'actions individuelles, collectives et sociales en découvrant ses propres ressources, les ressources humaines et les ressources de la vie. Permettre d'ouvrir le cœur et la raison pour en extraire une substance suffisamment solide, une certaine conviction intime d'une prise de conscience éthique. Vous avez fondé le Centre éthique d'accompagnement thérapeutique et énergétique – méthode Abadi – Vous m'excusez, mais à travers tous ces stages, séminaires et rencontres que vous organisez, le sentiment religieux semble présent. Ne craignez-vous pas d'être taxée d'organisation plutôt singulière que proprement scientifique ? Dans le concept éthique méthode Abadi, il existe une préoccupation constante du respect de l'individu, du collectif et de son environnement dans l'objectif d'une conscientisation et d'un repère pour l'individu de son espace/temps et des systèmes de fonctionnements, afin qu'il puisse se reconnaître et reconnaître l'autre, les autres, se construire et construire durablement. La méthode Abadi concept éthique tient compte du processus énergétique. Elle est un ensemble fondé sur des connaissances, des observations, des expériences, des mises en pratique, des raisonnements et des confrontations théoriques. Elle engage l'idée implicite de son unicité, tant auprès du grand public que dans l'accompagnement en particulier. L'étude de la pratique de la méthode révèle une démarche précise et s'inscrit dans un processus en considération de la science, de l'éducation et de son évolution. De plus, il ne faut pas confondre religion et spiritualité. Le concept éthique méthode Abadi® tient compte de l'humain dans sa globalité avec une conscience de l'humanité et de son devenir, donc en considérant la personne avec sa particularité, sa culture et bien sûr son appartenance à une religion ou non. La spiritualité est intime à chacun, il me semble très clair que « chaque un » peut appartenir à une religion et collectivement se retrouver pour prier, méditer, travailler et avancer avec l'autre, ensemble, c'est le partage du cœur dans l'expérience spirituelle. Je rends grâce, car ces moments forts sont nombreux et pour moi essentiels pour notre vie future. Il serait illusoire et peut-être même néfaste de vouloir nier, voire exclure la spiritualité du monde actuel. Décembre prochain, vous organiserez à Montpellier un congrès interculturel où plusieurs sommités scientifiques, culturelles et même religieuses sont invitées. Quels en sont les objectifs ? Cette première édition du congrès, ouvert à la richesse des différences par les échanges interdisciplinaires et le partage interculturel et interreligieux, réunit des représentants des différentes disciplines : des scientifiques, religieux, philosophes, médecins, biologistes, neurologues, anthropologues, psychologues, psychanalystes, éducateurs, ostéopathes, réalisateurs, cinéastes, journalistes et des artistes. Je suis profondément soucieuse de la condition des êtres et engagée depuis de nombreuses années dans des actions vers les plus démunis en France et à l'étranger. J'ai donc souhaité ce congrès ouvert sur le monde dans une dynamique de paix, d'échange et de partage. Je n'ai aucune prétention, mais une grande conviction à croire que les êtres sont différents et que cette différence peut être une richesse que nous pouvons cultiver ensemble. Il s'agit de pouvoir dans un même lieu exprimer, conjuguer, écouter, partager… Par la qualité et la présence des intervenants, je souhaite de tout mon cœur apporter une étincelle de conscience, de vie, un espoir dans l'action, une action doublée de grâce, en toute humilité pour nos enfants et notre Terre. Je dédie cet évènement à tous les enfants de la planète. À l'occasion de ce rassemblement, est organisée une exposition artistique et certaines des œuvres offertes par les artistes seront vendues aux enchères. L'argent récolté par l'association Action éthique humanitaire, que j'ai créée cette année, mettra en place des actions d'aide pour les enfants au Vietnam, au Tibet, au Maroc et en Algérie. Inévitablement, on va revenir sur un épisode de votre vie où, étant psychothérapeute de la championne française Christine Aaron, après avoir été adulée par toute une nation, vous avez été descendue en flammes. On vous a endossé, avec une rare méchanceté l'échec de l'athlète. Un commentaire… De nombreux pièges et paradoxes jalonnent le chemin du thérapeute dans sa pratique et je ne voudrais pas résumer mon parcours à la seule réussite ou non d'un individu. De plus, il existe une stratégie inconsciente et collective du paradoxe. Désolée, mais les médias en sont les porteurs puissants. Ils activent tout autant une chance formidable d'ouverture au monde qu'un drame enfermant. Les « mal intentionnés » utilisent encore cette histoire pour poser du doute. Mais de ceux qui m'ont décriée, personne ne m'a confrontée directement. Aujourd'hui, certaines personnes préféreront cliquer sur mon nom pour y voir apparaître la méchanceté ou l'ignorance, les fausses affirmations ou insinuations provenant d'une seule et même accusation. Internet semble indélébile et ceux qui ne regardent que la surface des choses peuvent avoir un a priori facile, juste du fait qu'une personne médiatisée s'est ainsi défoulée de sa propre frustration. Il existe une véritable stratégie de diversion qui fait appel à l'émotionnel plus qu'à la réflexion constructive, elle maintient le public dans l'ignorance, l'erreur, le doute et la bêtise, tentant d'anéantir l'identité première. Les journalistes, qui voulaient en avoir le cœur net et réaliser un vrai travail d'information sur ma pratique, comme ceux de Libération, de Midi Libre, de la Gazette ou d'El Watan… par exemple, sont venus me rencontrer et ont fait des articles bien plus sérieux sur mon parcours et mon travail. A mon sens, seules la conscience et la responsabilité permettent de lutter contre une manipulation diffuse qui capte l'attention du public loin des véritables questions et problèmes sociaux. La raison principale de ma présence dans le sport de haut niveau réside dans le fait qu'il m'apparaît qu'au travers des grandes manifestations sportives, les êtres humains semblent chercher à célébrer la vie et l'espoir de se retrouver en soi et avec les autres, de s'unifier et même de tenter de trouver une identité singulière puis collective. Un travail individuel et collectif dans ce domaine tient compte justement de la puissance mobilisatrice du rite comme force universelle. Face à cela, il appartiendra à chacun d'être certain de l'authenticité et de l'honnêteté de son engagement et de son action. Après avoir sillonné le monde, votre souhait est d'aller dans le désert algérien. Ce serait intéressant après quarante ans loin de l'Algérie... Une si longue traversée, un chemin, une vie, ma vie. Effectivement, je suis née en Algérie, j'y ai vécu 7 années d'amour, de tendresse et reçu une belle transmission du cœur et de l'âme. Un réel passage initiatique… Mes travaux et mes recherches ont toujours mis en exergue cette double culture et j'ai pu partager avec l'Occident une belle part de l'Orient. Ce mélange qui se diffuse des jardins mystérieux. Ces odeurs, ces douceurs qui vont jusqu'à faire frissonner la chair et, par les métaphores, faire vibrer les mots, les sons de cette langue si subtile et raffinée. L'essentiel de cette traversée est d'avoir gardé mon enfant intérieur libre et joyeux pour transmettre la force de vivre et d'y croire. Il s'agit d'une histoire d'amour, de cœur, et d'âme à âme. Même si l'histoire reste symbole de son édifice, Pour moi les âmes et les cœurs n'ont pas de frontière pour s'unir et/ou grandir. Vous avez créé plusieurs mots conceptuel liés à votre méthode et pratique. Peut-on connaître votre définition de ce nouveau mot sensabilité ? L'âme implore l'esprit de la délivre, car l'amour n'est pas possession. C'est l'union transfiguratrice par laquelle découle une très vive intelligence, fruit du mystère de la liberté où l'extase, forme suprême de l'amour, devient un refuge précieux et délicieux d'où la nature humaine peut émouvoir les sens et l'imagination sans se perdre. Ainsi naît la sensabilité. Je définis la sensabilité, une des bases essentielle de ma méthode, comme l'ensemble des phénomènes interactifs du psychisme, des cellules, de l'éthérique entre l'espace extérieur et l'espace intérieur touchant l'énergie du tout : l'être et son environnement. La sensabilité est un phénomène de perceptions extrasensorielles post-cognitives, clairvoyantes et pré-cognitives. Un ensemble d'informations reçues et ressenties dans le corps par ce que l'on appelle communément le 6e sens. La sensabilité saisit tout le corps (charnel, éthérique, âme) par l'esprit (souffle). Elle peut être l'interaction entre la psyché, le cœur (centre énergétique) et son influence sur la matière, une connexion forte avec les 5 sens. La sensabilité est un processus énergétique ; elle est a la fois 6e sens et à la fois l'amplificateur de chacun.