Retour émouvant à la terre natale de celle que l'on pourrait appeler la « femme prodige ». Cette Franco-algérienne, psychothérapeute de formation, née à Sidi Bel Abbes, a quitté Maghnia, la ville de ses parents, à l'âge de six ans. Samedi dernier, à la sortie de l'aéroport d'Es-Sénia à Oran, elle a embrassé le sol et enlevé ses chaussures par respect à cette terre qu'elle qualifie de sacrée. Des confessions, des idées, des souvenirs à méditer… 40 ans après votre départ pour la France, vous retournez au pays : une première impression ? C'est une longue traversée… Et puis la décision inéluctable du retour s'est imposée. Vous savez et c'est un fait étrange et symbolique mais, à ma descente d'avion, je n'ai pu remettre mes chaussures ; je suis descendue pieds nus. Le fait d'être pieds nus et avoir la folle envie de sentir la terre, c'est fabuleux. L'Algérie, c'est ma patrie. Oran, c'est un point de départ et de retour… C'est un voyage familial, mais déjà vous envisagez d'apporter votre contribution à votre pays… Oui, je voudrais édifier un pont entre l'Orient et l'Occident et j'espère que ces deux parties de la planète s'uniront dans la paix. Je voulais me rendre dans mon pays pour rencontrer réellement la population, les êtres qui ont continué à construire, à vivre, à aller vers un processus d'ouverture, malgré toutes les souffrances. L'accueil a été grand mais humble. Je suis touchée, émue par la simplicité des gens, par leur amour, leur générosité. Beaucoup de choses vous ont frappée pendant votre court séjour en Algérie... Vous savez, dans ma famille et je crois que cela concerne tous les Algériens, malgré la pauvreté, il s'est transmis une noblesse du cœur et de l'âme qui a tracé notre chemin. Finalement, rien ne se perd, tout reste à construire. Permettez-moi de dire qu'avant d'arriver, j'envisageais d'entreprendre plusieurs projets, particulièrement à Tlemcen ; mais, une fois sur place, je me suis rendu compte qu'après 40 ans d'absence, une semaine ne suffirait même pas à faire le tour de ma grande famille, des lieux dont je me souviens à peine et que j'ai tenu à revoir, à toucher, à embrasser… Je reviendrai très vite dans mon pays pour apporter ma contribution !