Quatre militants du Mouvement démocratique et social (MDS) ont été arrêtés, lundi à Alger, alors qu'ils distribuaient des déclarations du parti appelant à un débat de fond autour du changement constitutionnel, où l'on pouvait lire entre autres : « Non à la confiscation du débat sur la Constitution par une Assemblée populaire nationale soumise à Bouteflika ». Dans un communiqué rendu public hier par la direction du parti et signé Hocine Ali, le secrétaire général par intérim, on peut lire : « Arrêtés à Alger-Centre par la police alors qu'ils distribuaient des déclarations du MDS, Yacine Teguia, membre du bureau national, et un jeune militant ont été relâchés après avoir subi un interrogatoire et de nouveau interpellés ce matin (hier matin, ndlr) au moment où ils se sont présentés pour récupérer leurs pièces d'identité. Dans la même nuit d'hier (lundi soir), Direm Amine, chanteur engagé de rap, et un autre jeune militant du MDS ont été arrêtés à Alger-Centre. Ils sont toujours au commissariat. » Le communiqué du MDS ajoute : « Le crime de ces citoyens a été de défendre une position politique : le rejet des amendements de la Constitution que le pouvoir veut imposer en s'appuyant sur des parlementaires corrompus pour introniser Bouteflika à la tête de l'Etat de manière définitive. » Sur l'un des tracts diffusés par ces militants, ce slogan : « Le changement en Algérie, c'est aussi possible », allusion à l'éclatante victoire de Barack Obama aux élections US. Le MDS propose ainsi une véritable Constitution alternative appelant à la séparation du politique et du religieux, l'officialisation de tamazight, l'abolition du code de la famille et son remplacement par un code civil plus équitable et la préservation du sigle FLN, patrimoine de l'ensemble des Algériens. Le tract appelle, pour finir, à rendre la parole au peuple par l'organisation d'un débat national et d'un référendum autour de la Constitution. Réagissant à cette campagne d'arrestations, le MDS souligne : « Ces intimidations inacceptables ont la prétention de nous faire taire et d'empêcher les citoyens d'exercer un droit constitutionnel arraché de haute lutte et au prix de sacrifices immenses : celui d'exprimer une opinion. Au même moment, des slogans de soutien au programme du président et au troisième mandat fleurissent aux quatre coins du pays à l'abri et sous la protection des appareils policier et judiciaire. » Et de marteler : « Tenter de faire peur aux citoyens n'a jamais et nulle part fait avancer la démocratie. Le MDS ne se taira pas. Il continuera d'exercer son droit constitutionnel, à informer les citoyens sur la gravité de la forfaiture et à alerter l'opinion publique nationale et internationale sur les pratiques qui visent à bâillonner toute expression démocratique. » Et de conclure : « Face à ces dérives dangereuses, le MDS appelle l'opinion publique, les forces sociales et politiques démocratiques à réagir pour faire cesser ce harcèlement et exiger la libération immédiate et sans condition des militants interpellés. »