Le RCD rejettera le projet de révision constitutionnelle » qui sera soumis mercredi prochain. Le groupe parlementaire de la formation de Saïd Sadi qui enjambe ainsi le pas à la résolution du conseil national, réuni jeudi dernier, évoque, pour justifier sa position, dans un communiqué rendu public hier, « des raisons éthiques, politiques et institutionnelles ». « Les algériens se souviennent du jour où l'actuel chef de l'Etat a salué publiquement la position de son prédécesseur (Liamine Zeroual), qui avait respecté l'ordre constitutionnel en quittant le pouvoir », rappellent les députés du RCD. « Aujourd'hui, disent-ils, la loi fondamentale est amendée pour une présidence à vie alors que l'éthique et le sens de l'Etat auraient voulu que l'auteur de la procédure n'en soit pas le bénéficiaire. » Ils en sont convaincus : sur le plan politique et contrairement aux arguments officiels, le projet actuel attente à l'équilibre des pouvoirs. Les députés du RCD se demandent, en effet, « comment peut-on garantir un minimum de stabilité dans un régime théoriquement parlementaire lorsqu'il est grevé par des amendements qui caricaturent le régime présidentiel ? » Le parlement, affirment-ils par ailleurs, « n'a ni la vocation ni le droit de se prononcer sur de tels amendements ». Selon eux, « l'article 176 de la constitution édicte que la voie référendaire s'impose, quand bien même, précisent-ils, le résultat d'un référendum, organisé sans la surveillance internationale, ne changerait rien au résultat final ». Le groupe parlementaire du RCD n'épargnera pas « le Conseil constitutionnel qui a failli à sa mission ». Le Parlement aussi qui « en validant un texte anticonstitutionnel endosse une lourde responsabilité en ouvrant la voie à une dérive de plus qui ne manquera pas d'aggraver le discrédit de l'Etat ». Pour ce qui est des fondements républicains de l'Etat, la même source soutient qu'« il est loisible de vérifier que les articles soumis à amendement sont violés quotidiennement par le groupe politique qui organise ce qu'il faut bien appeler un putsch ». « Concentration des pouvoirs, contradiction des formes et constitutionnalisation de la confiscation du patrimoine symbolique de la nation sont les objectifs de la forfaiture en cours », tranchent les élus du RCD, en s'interrogeant sur le crédit à accorder à l'article 178 qui stipule : « toute révision constitutionnelle ne peut porter atteinte à l'ordre démocratique basé sur le multipartisme, lorsque l'alibi de l'état d'urgence rétablit de fait le système du parti unique. » Le même article, font-il encore remarquer, rappelle que « nul ne peut porter atteinte à l'arabe, langue nationale et officielle ». Et cela ne peut, selon eux, qu'« autoriser ainsi, par omission, la réversibilité de l'article 3 bis de la constitution qui consacre tamazight langue nationale ». Conclusion faite : « Encore une fois, les équilibres clientélistes priment sur les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions. » Le RCD ne manquera pas en somme d'interpeller chaque patriote : « ce 12 novembre, l'Algérie qui se débat dans une crise de légitimité du pouvoir depuis 1962, bascule dans un aveuglement politique et une hérésie constitutionnelle qui ont partout marqué les grandes régressions historiques. » Pour les députés du parti de Saïd Sadi, « le passage à l'acte du parlement précipite la crise systémique qui hypothèque l'avenir de la nation, et l'histoire retiendra que novembre 2008 a renié novembre 1954 ».