Au RCD, on n'a presque plus de doute : la révision de la Constitution aura lieu, a estimé jeudi le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie. Le Dr Saïd Sadi, qui s'exprimait à l'ouverture des travaux du conseil national du RCD, considère que l'amendement de la loi fondamentale est une échéance inscrite dans l'agenda du pouvoir qui se précise un peu plus chaque jour. « On risque d'avoir cette révision », déclarait-il devant les délégués de wilaya du parti, réunis en session ordinaire à l'hippodrome du Caroubier (Alger). Il n'est pas « exclu », selon lui, que cette révision dont le « but est la levée de la limitation des mandats se fasse non par voie référendaire mais par voie parlementaire ». Pour des raisons « tactiques » ou « stratégiques », propres au régime qu'incarne le chef de l'Etat. « Bouteflika serait, selon le Dr Sadi, la version soft de Mugabe ». Le despote zimbabwéen, Robert Gabriel Mugabe, est à sa 28e année de règne. Il a 84 ans et un 6e mandat en perspective. « Sous toute réserve, affirme le président du RCD pas très sûr de lui, nous allons avoir une vente concomitante » lors de cette révision constitutionnelle. Deux futurs présidents pour le prix d'un. « Compte tenu de l'état de santé de Bouteflika, il est peu probable, d'après M. Sadi, que celui-ci aille jusqu'au bout de son 3e mandat (…). Le régime chercherait donc à imposer dès à présent un homme du sérail ». Des hommes qui ne seraient pas à même d'incarner la « rupture ». Une perspective « humiliante » pour l'Algérie, juge M. Sadi. « Les appétits du pouvoir, les intérêts du régime et l'alternative au système ne sauraient se confondre », estime-t-on dans un document portant résolutions du conseil national du RCD. Dans le document, rendu public hier, préfigure déjà la position du RCD vis-à-vis de la présidentielle d'avril 2009. Une chose est presque acquise : le RCD ne se sera pas dans le camp des boycotteurs. « S'opposer à la levée de la limitation des mandats ne dispense pas les acteurs politiques sociaux, acquis au changement, de s'engager en faveur d'une surveillance internationale massive et qualifiée des futures élections pour permettre au peuple algérien de désigner librement ses représentants », ajoute-t-on dans ledit document. A propos justement de la « surveillance internationale », Saïd Sadi souligne que le pouvoir ne peut désormais plus compter sur la complaisance des capitales occidentales pour masquer ses fraudes massives. L'Union européenne, dit-il, a fait voter une loi qui conditionne l'envoi d'observateurs par la réunion, par les Etats requérants, de conditions de transparence, surtout, dans le déroulement des processus électoraux. Rappelons à ce titre que le patron du RCD s'est rendu ces derniers mois dans plusieurs pays occidentaux, aux USA et à l'UE notamment. Le remaniement ministériel ? Du « folklore politique ». La formule est de M. Sadi. Le président du RCD estime que le changement opéré à la tête du gouvernement, intervenu le 23 juin dernier, et la manière avec laquelle il a été mené, procède de l'absence totale de transparence dans la gestion des affaires publiques. De quelle crédibilité l'Etat algérien peut-il se prévaloir en faisant signer par un chef de gouvernement partant (Abdelaziz Belkhadem) des contrats stratégiques avec la France, s'interroge Saïd Sadi. « C'est sur fond d'affrontements claniques que survient le limogeage du chef du gouvernement et son remplacement par un responsable qui a déjà occupé cette fonction à deux reprises. Sans avoir donné de bilan ni de justifications politiques au peuple, l'Algérie se voit proposer, dans l'opacité la plus totale et à la veille de la saison estivale, un chef du gouvernement qui devra par ailleurs composer avec le même exécutif », lit-on dans les résolutions du conseil national. Que fera Ahmed Ouyahia, le nouveau chef du gouvernement, durant les neuf prochains mois ? M. Sadi émet des « hypothèses ». Expédier les affaires courantes, ou se préparer à la succession ? Ouyahia en prend néanmoins pour son grade. « On le dit moderniste, conclut M. Sadi, il a fait voter des lois liberticides, fait voter l'arabisation. On le dit éradicateur : il se dit pour les dispositions de la charte pour la réconciliation nationale. On ne sait pas encore, mais on verra ! »