Dans une économie de marché, la démarche de planification est continue. Ce qui importe, c'est de se fixer des orientations. Les adapter en fonction des aléas n'est pas un échec de la planification, si l'on continue d'avancer vers des objectifs annoncés et partagés. » Telle est la conclusion à laquelle est parvenu le professeur Pierre-Yves Cossé, économiste et ancien PDG de la Coface, hier lors d'une conférence à l'ISGP d'Alger, sur le thème de la planification stratégique dans le contexte de l'économie de marché. Selon M. Cossé, la démarche de planification stratégique est aujourd'hui l'un des moyens de remédier à « la dictature du court terme » à laquelle sont soumis nos sociétés et nos Etats. Choisir cette démarche est « un choix politique qui doit être assumé en toute clarté au plus haut niveau de l'Etat », soutient l'économiste. Pour lui, la planification dans une économie de marché n'est ni un Gosplan (un plan fixant de nombreux objectifs quantitatifs), ni une prévision chiffrée ou une simple annonce de mesures non accompagnée de moyens de mise en œuvre. Il s'agit plutôt d'un « engagement public sur un ensemble d'actions majeures dans un temps donné ». L'économiste précisera, à cet effet, qu'afin d'éviter la confusion, d'aucuns en économie de marché récusent le terme « plan » et préfèrent utiliser le terme « Etat stratège », « stratégie publique » ou « schéma d'orientation » combinant prospective, études, scénarios et programme d'action. Se voulant plus précis, l'ancien PDG de la Coface a indiqué que la démarche stratégique doit passer par quatre étapes essentielles. La première consiste à analyser les points forts et les points faibles, « ce qui suppose une connaissance précise de l'existant et des tendances en cours ». La deuxième étape consiste à déterminer les objectifs prioritaires, avant de passer à la troisième phase qui comprend l'étude des moyens permettant d'atteindre les objectifs sous forme de programmes d'action. Enfin, l'évaluation des résultats vient en dernier lieu. Selon M. Cossé, si un plan d'ensemble doit exister pour assurer visibilité et cohérence, « il ne doit pas tout couvrir mais plutôt se combiner avec des plans ou des schémas couvrant des secteurs ou des entités spécifiques de durée variable ». Et de préciser : « la durée n'est pas nécessairement adaptée au calendrier politique ou à des échéances majeures », insistant par là sur la nécessité du pragmatisme comme seule préoccupation. Le conférencier donnera, par la suite, un exemple sur la planification française qui s'est intéressée à des problèmes comme l'impératif industriel, au partage du revenu national, aux finances publiques (fiscalité) et à l'inflation. Plus globalement, la notion de plan au sein de l'Union européenne a repris de l'importance avec le développement des fonds structurels. La CE a demandé, depuis quelque temps, aux Etats de fixer des priorités et d'élaborer des programmes, comme c'est le cas de la Hongrie qui s'attelle aujourd'hui à élaborer des programmes dans une planification stratégique globale.